L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu à nouveau en hausse vendredi sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2010 et 2011, respectivement à 87,3 et 88,5 millions de barils par jour, notamment grâce à une consommation plus forte dans les pays riches cet été.
Cette année la demande de la planète en or noir devrait croître de 2,3 millions de barils par jour (mbj), soit 200.000 de plus que prévu auparavant, notamment en raison de chiffres plus élevés qu'attendu au troisième trimestre dans les pays industrialisés membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon le rapport mensuel de l'agence.
Cela représente une hausse de 2,8% par rapport à 2009, année marquée par une chute de la demande dans le sillage de la crise mondiale.
L'accélération de la demande est continue depuis le début de l'année, expliquent les auteurs du rapport. En 2011, la consommation mondiale devrait progresser de 1,2 mbj, soit 1,4%, estime l'AIE, bras énergétique de l'OCDE dont le siège est à Paris.
De son côté, l'offre de brut a augmenté de 830.000 barils par jour en octobre par rapport au mois précédent, à 87,6 mbj, essentiellement en raison d'une hausse chez les producteurs non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Sur un an, la production progresse de 1,54 mbj.
La production de l'Opep est restée relativement stable en octobre, à 29,15 mbj, des baisses en Irak, Arabie saoudite et Venezuela étant compensées par des hausses dans d'autres pays.
L'Opep-11, c'est-à-dire les membres du cartel sauf l'Irak qui n'est pas encore soumis à ses quotas de production, ont mis sur le marché 26,72 mbj en octobre, soit 40.000 barils par jour de plus que le mois précédent. Du coup, le niveau de production fixé à 24,84 mbj depuis le 1er janvier 2009 n'est plus respecté qu'à 55%, contre 56% en septembre.
Au passage, l'AIE affirme que les blocages de raffineries et dépôts de carburant en France lors du mouvement contre la réforme des retraites ont amputé l'offre française de produits pétroliers d'environ 1 mbj en octobre.
Par ailleurs, l'AIE rappelle que les cours du brut ont connu une nette hausse en octobre, sortant de la fourchette de 70 à 80 dollars le baril dans laquelle ils oscillaient depuis un an pour atteindre, début novembre, 87 à 89 dollars. Ce rebond s'explique à ses yeux en partie par une demande plus forte que prévu, mais aussi par la dépréciation du dollar et la décision de la Réserve fédérale américaine d'injecter massivement des liquidités dans l'économie.
Cela "a alimenté l'hypothèse de prix inexorablement orientés à la hausse", déplore l'agence, qui réaffirme que, de son point de vue, "la période de stabilité des prix entamée à l'automne de l'an dernier (...) est probablement ce dont la reprise de l'économie mondiale a besoin". "Les risques d'une nouvelle bulle des prix (...) semblent évidents", met en garde l'AIE.