Le président Nicolas Sarkozy a poursuivi jeudi dans l'Allier son tour de France agricole pour tenter de réconforter un secteur touché de plein fouet par la crise, promettant de profiter de sa présidence du G20 pour lui apporter des solutions.
C'est la septième fois depuis la sévère défaite de son camp aux élections régionales, en mars, que le président de la République consacre un déplacement au monde agricole, un électorat majoritairement acquis à la droite.
Confrontés à leur plus grave crise depuis 30 ans, les agriculteurs ont vu en 2009 leurs revenus dégringoler d'un tiers, après une année 2008 très difficile (moins 20%).
Après l'Aveyron, la Provence, l'Oise ou encore l'Essonne, Nicolas Sarkozy a choisi l'Auvergne, où son ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, avait été chahuté lors du sommet de l'élevage en 2009 par des éleveurs en colère face à la stagnation du prix de leur viande.
En 2010, Bruno Le Maire a purement et simplement annulé sa venue à ce sommet annuel, la situation ne s'étant pas améliorée.
Point de chahut cette fois, ni pendant la visite d'un élevage de Charolaises, à Isserpent (Allier), ni lors d'une table ronde avec des agriculteurs et élus de la région au Mayet-de-Montagne, où le chef de l'Etat était accompagné de Bruno Le Maire et du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
Cherchant à rassurer son public, Nicolas Sarkozy a énuméré ses priorités pour l'agriculture durant sa présidence du G20, qui a débuté le 12 novembre pour un an : "préférence communautaire, régulation des marchés, réforme de la PAC (NDLR : Politique agricole commune) avec plus de justice, c'est-à-dire que les subventions aillent à ceux qui en ont le plus besoin".
"Je n'ai pas l'intention d'accepter qu'en Europe rentrent des viandes d'Argentine (...) ou de tout autre pays qui ne répondent nullement aux normes sanitaires que nous imposons à nos éleveurs en France et en Europe", a-t-il martelé.
"La préférence communautaire, ce n'est pas pour faire du protectionnisme, c'est s'assurer que les agriculteurs européens seront au même niveau de concurrence que les autres", a-t-il ajouté.
Selon lui, il serait "utile d'avoir une organisation agricole internationale qui fasse le point sur les perspectives de production" afin d'éviter les périodes de surproduction et de sous-production.
Crise agricole mais aussi réforme des retraites adoptée dans la douleur, chantier de la dépendance non moins délicat à venir, disparition des services publics en milieu rural : le président a balayé diverses questions en affichant la même fermeté.
"Il y a des élections cantonales, sénatoriales (NDLR : en 2011), il paraît même qu'on va avoir une élection présidentielle, mais je ne raconterai pas de fariboles aux Français. Nous devons réduire nos dépenses", a-t-il affirmé.
"Depuis 35 ans, la France présente un budget en déficit". Mais "qui a envie qu'un jour la France connaisse les problèmes de la Grèce, de l'Irlande ou tout autre pays ? Qui peut penser que ses enfants seraient plus heureux dans un pays qui devrait tendre la main pour obtenir les capitaux dont il a besoin ?", a demandé le chef de l'Etat.
Evoquant le terme d'"omni-président" dont il est régulièrement affublé, il a plaisanté sur ses "omni-embêtements".