Les autorités allemandes, portugaises et européennes ont démenti vendredi avoir soumis le Portugal à des pressions pour demander une aide internationale pour éviter une contagion de la défiance des marchés à l'Espagne.
Le quotidien économique allemand Financial Times Deutschland affirmait vendredi que le Portugal était mis sous pression par la Banque centrale européenne (BCE) et plusieurs pays de la zone euro pour demander une aide financière, avec pour arrière-pensée d'éviter une contagion à l'Espagne.
Lisbonne "dément toute pression de la BCE ou des pays européens pour que le Portugal demande de l'aide", a réagi une porte-parole du cabinet du Premier ministre portugais José Socrates, qualifiant les informations du quotidien économique de "totalement fausses".
Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, les a également démenties. "C'est absolument faux, complètement faux", a-t-il déclaré devant la presse, en marge d'une conférence devant l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE).
Berlin a également démenti les allégations du quotidien économique. "Le gouvernement allemand ne fait pression sur personne", a déclaré lors d'un point de presse régulier un porte-parole du ministère des Finances, Steffen Seibert.
Berlin "part du principe que les efforts de consolidation budgétaire du Portugal seront couronnés de succès", selon un autre porte-parole du ministère, et que le pays n'aura pas besoin de solliciter le soutien financier de ses partenaires européens.
Après l'annonce du sauvetage de l'Irlande, le Portugal s'est retrouvé en première ligne des marchés financiers, convaincus qu'il serait le prochain pays de la zone euro à faire appel à l'aide de l'UE et du Fonds monétaire international.
Mesure de l'inquiétude des investisseurs, les taux d'intérêt de la dette portugaise à dix ans évoluaient vendredi matin au-dessus de 7%, un seuil historique atteint pour la première fois à la mi-novembre.
Le Parlement portugais doit définitivement adopter vendredi le budget d'austérité pour l'an prochain, visant à ramener le déficit public de 7,3% du PIB cette année à 4,6% fin 2011.
"Certains, parmi nos partenaires communautaires, estiment que la meilleure façon de préserver la stabilité de l'euro est de pousser et de forcer les pays, maintenant sous les projecteurs, vers cette aide", reconnaissait toutefois le ministre portugais des Finances Fernando Teixeira dos Santos, dans un entretien publié vendredi dans le Jornal de Noticias.
Ces pays, qu'il évite de nommer, considèrent que c'est "la meilleure façon de se protéger et de mettre un tampon à cette situation, poursuit M. Teixeira dos Santos. Mais ce n'est pas la vision, ni l'option politique des pays impliqués".
Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi s'est dit "modérément positif" sur la situation de l'euro. "Hier nous avons eu des discussions avec les collègues: il y a une attitude de coopération absolue", a-t-il déclaré après un conseil des ministres à Rome.
"Nous pouvons dire qu'il n'y a pas à s'inquiéter de l'état dans lequel se trouve l'Europe, de comment elle est structurée pour surmonter cette crise et de comment elle a su répondre à cette crise", a ajouté Berlusconi.