PARIS (Reuters) - Le nombre de chômeurs, toutes catégories confondues, devrait encore progresser en France cette année comme l'an prochain, si l'on en croit l'Unedic, dont les prévisions publiées mardi augurent mal d'une nouvelle candidature de François Hollande à l'Elysée.
L'organisme gestionnaire de l'assurance chômage a revu en hausse ses anticipations pour 2016, où elle n'attend plus qu'une baisse limitée à 25.000 du nombre de demandeurs d'emplois de catégorie A (sans activité) et une hausse de 26.000 en y ajoutant les catégories B et C.
Elle tablait précédemment sur 51.000 demandeurs de moins en catégorie A cette année et 1.000 de moins en A, B et C.
Pour 2017, le scénario de l'Unedic diffère peu, avec une nouvelle baisse de 26.000 du nombre de demandeurs de catégorie A mais encore une hausse de 10.000 pour les A, B et C.
Si ces prévisions qui porteraient à 5,502 millions le nombre de chômeurs fin 2016 puis 5,511 millions fin 2017 se confirment, la perspective d'une réelle baisse du chômage, dont François Hollande à fait une condition de sa candidature pour un nouveau bail à l'Elysée, s'éloignerait à nouveau.
Elle ne concernerait en fait que les demandeurs d'emploi de catégorie A, dont le total reviendrait cette année à 3.566.000, soit encore 640.000 de plus qu'au début du quinquennat, puis 3.540.000 en 2017.
UN DÉFICIT AU-DESSUS DE 30 MILLIARDS
Les révisions de l'Unedic tiennent pour une bonne partie à une année 2015 plus difficile que prévu précédemment, qui s'est soldée par près de 90.000 demandeurs de catégorie A en plus là où l'institution gérée paritairement par le patronat et les syndicats tablait encore en octobre sur +62.000.
Elle attribue la baisse des demandeurs de catégorie A attendue cette année à l'entrée en formation des chômeurs concernés par le plan d'urgence annoncé par le gouvernement.
Les nouvelles prévisions de l'Unedic s'appuient sur un scénario de croissance économique de 1,4% en France cette année, une prévision issue d'un consensus d'économistes qui est légèrement inférieure au 1,5% prévu par le gouvernement.
Elles reposent aussi sur des hypothèses d'inflation limitée à 0,6% et de masse salariale en hausse de 2,0%, deux éléments qui influent sur le niveau des cotisations engrangées par l'Unedic, en net retrait par rapport aux anticipations officielles (respectivement 1,0% et 2,8%).
Avec ces révisions, l'Unedic escompte un déficit qui passerait à 4,2 milliards en 2016, contre 3,6 milliards prévu précédemment, mais resterait en baisse par rapport à celui de 2015, revu à 4,5 milliards (4,4 milliards en précédente estimation), grâce aux effets de la réforme négociée en 2014.
Il poursuivrait son repli en 2017 pour s'inscrire à 3,6 milliards, sachant que ces prévisions ne tiennent pas compte de l'impact éventuel des négociations que viennent d'engager les partenaires sociaux sur une nouvelle convention d'assurance chômage.
Avec ces nouveaux déficits, la dette de l'assurance chômage atteindrait 30,0 milliards en 2016 puis 33,6 milliards en 2017, contre 25,8 milliards l'an passé.
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)