CALAIS (Reuters) - L'évacuation de la zone sud de la "jungle de Calais", un bidonville insalubre où s'étaient rassemblés des milliers de migrants dans l'espoir de passer au Royaume-Uni, devrait être achevée dans les jours qui viennent et dans le calme.
La situation a connu une amélioration sensible à Calais et dans sa région, comme à Grande-Synthe, où 1.300 migrants ont quitté la semaine dernière leurs abris de fortune pour gagner un camp aux normes internationales ouvert par la mairie et Médecins sans frontières (MSF) malgré l'opposition du gouvernement.
L'évacuation de la partie sud de la "jungle" de Calais, qui a commencé le 29 février alors qu'elle abritait encore quelque 3.000 personnes, était pratiquement achevée lundi.
"Entre les deux tiers et les trois quarts de la zone sont dégagés, cela représente environ 5,5 hectares déjà traités sur les 7,5 qui doivent l’être dans la zone Sud", a déclaré la préfecture du Pas-de-Calais.
Quelques migrants errent encore dans ce 'no man's land' où se dressent les arbres sans feuilles de l'hiver, entre les abris de fortune démantelés, a constaté un journaliste de Reuters.
Il ne restait plus lundi que quelques abris occupés par des Soudanais qui quittent l'un après l'autre la "jungle" pour la zone Nord ou des centres d'accueil ailleurs en France. Sur l'un d'eux, la "porte" est une bâche peinte où l'on voit une fenêtre qui figure la mer avec, au fond, le drapeau britannique.
Seuls une "église", un centre juridique et un local de MSF restent debout dans la zone Sud, conformément à la décision du tribunal administratif de Lille qui a rejeté fin février le recours d'associations opposées à l'évacuation, tout en ordonnant que les "espaces sociaux" soient préservés.
BAISSE DU NOMBRE DE MIGRANTS
Les abris de fortune de la partie nord de la "jungle" sont également promis à la destruction, selon les plans des autorités, pour ne plus laisser à terme qu'un camp de conteneurs pour 1.500 personnes, déjà plein, et les tentes chauffées de la sécurité civile qui peuvent accueillir 450 migrants.
La préfecture organise des "maraudes" pendant lesquelles les travailleurs sociaux incitent les migrants à choisir une solution d’hébergement d’Etat, à savoir un des 110 Centres d'accueil et d'orientations (CAO) existant dans toute la France, ou le Centre d'accueil provisoire (CAP) de Calais.
Depuis le début du démantèlement, environ 250 migrants ont accepté de rejoindre un CAO, certains, dont le nombre est impossible à déterminer, ont rejoint le CAP, d’autres enfin se sont installés dans la partie Nord du bidonville ou ont quitté Calais pour rejoindre d’autres lieux proches.
Globalement, le nombre de migrants a considérablement diminué dans le nord de la France depuis son pic de décembre, lorsque 3.000 personnes se trouvaient à Grande-Synthe et environ 6.000 à Calais, en raison notamment de la sécurisation du port de Calais et du tunnel sous la Manche, presque impénétrables.
Ils seraient aujourd'hui 1.300 à Grande-Synthe. A Calais, la préfecture parle d'un millier de personnes et les associations humanitaires de "plusieurs milliers".
Le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, s'est rendu dans le Calaisis lundi pour y rencontrer élus locaux, dont la maire de la ville, Natacha Bouchart, la préfète Fabienne Buccio et les magistrats du parquet de Boulogne-sur-Mer.
Plusieurs incidents ont eu lieu ces dernières semaines.
Samedi, 80 militants d'un groupuscule d'extrême-droite ont manifesté contre la présence de migrants malgré l'interdiction des autorités. Quatorze d'entre eux ont été interpellés et trois personnes appartenant à ce mouvement devaient comparaître lundi devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer lundi pour avoir organisé des expéditions punitives.
Il y avait déjà eu plusieurs vagues d’interpellations d’individus soupçonnés d’agressions sur des migrants.
(Pascal Rossignol, avec Pierre Savary, édité par Yves Clarisse)