Investing.com – Le patron de la Fed Jerome Powell n'a certes pas dépassé les attentes extrêmement dovish du marché dans son intervention à Jackson Hole ce vendredi, mais n'a pas non plus gravement déçu les investisseurs, contrairement à ce que certains analystes anticipaient.
Le détail le plus notable est le fait que Powell n'ait pas répété l'expression « ajustement de milieu de cycle » qu'il avait utilisée pour décrire la baisse de taux du mois de juillet. Cette précision avait été interprétée par le marché comme un risque que les assouplissements de la Fed restent limités à une ou deux baisses de taux pour l'instant.
Le fait que Powell se soit affranchi de cette précision constitue donc un élément dovish, qui laisse désormais la porte ouverte à un cycle prolongé de baisse de taux.
Powell a aussi noté que les 3 semaines depuis la dernière réunion de la Fed ont été « chargées en événements », ce qui souligne que sa position, qui n'avait pas été assez dovish aux yeux du marché à l'époque, a depuis évolué.
Le patron de la Fed s'est donc de nouveau engagé à « agir de façon appropriée pour soutenir l'expansion » de l'économie, soulignant que celle-ci fait face à des « risques significatifs ».
Parmi les éléments plus hawkish du discours de Powell, on notera que celui-ci a estimé que l'économie US est « dans une position favorable » et « proche des objectifs de la Fed ».
En ce qui concerne la réaction du marché, on notera un impact baissier sur le Dollar, comme on le voit avec une remontée de la paire EUR/USD, et un impact légèrement haussier sur les bourses, mais pas suffisamment pour annuler l'impact négatif des tarifs douaniers annoncés plus tôt aujourd'hui par la Chine.
Enfin, vous retrouverez ci-dessous la traduction du passage le plus important de la déclaration de Jerome Powell :
"Dans le contexte actuel, nous suivons attentivement l'évolution de la situation en évaluant ses répercussions sur les perspectives et la trajectoire de la politique monétaire aux États-Unis. Les trois semaines qui se sont écoulées depuis notre réunion de juillet du FOMC ont été riches en événements, à commencer par l'annonce de nouveaux tarifs sur les importations en provenance de Chine. Nous avons vu de nouvelles preuves d'un ralentissement mondial, notamment en Allemagne et en Chine. Les événements géopolitiques ont fait les gros titres, y compris la possibilité croissante d'un Brexit sans accord, la montée des tensions à Hong Kong et la dissolution du gouvernement italien. Les marchés financiers ont fortement réagi à cette situation complexe et turbulente. Les marchés boursiers ont été volatils. Partout dans le monde, les taux obligataires à long terme ont fortement baissé jusqu'à des creux proches de ceux d'après-crise. Entre-temps, l'économie américaine a continué de bien performer dans l'ensemble, sous l'impulsion des dépenses de consommation. La création d'emplois a ralenti par rapport au rythme de l'an dernier, mais elle demeure supérieure à la croissance globale de la population active. L'inflation semble se rapprocher de 2 %. Sur la base de notre évaluation des implications de ces développements, nous agirons comme il convient pour soutenir l'expansion, avec un marché du travail fort et une inflation proche de son objectif symétrique de 2 pour cent."