Le Portugal reçoit mardi une "mission d'évaluation" d'experts de la Commission européenne, de la BCE et du FMI, préalable à l'ouverture, la semaine prochaine, de "négociations politiques" qui définiront le montant et surtout les conditions de l'aide internationale.
Les experts rencontreront des responsables du ministère portugais des Finances pour discuter des "détails techniques" du plan de sauvetage, que le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a évalué vendredi à "environ 80 milliards d'euros".
Cette "mission d'évaluation" est destinée à préparer les négociations entre la "troïka" (UE, BCE, FMI) et les partis politiques portugais la semaine suivante, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la Commission, Cezary Lewanowicz.
Ces "discussions politiques" commenceront le 18 avril, a précisé le Fonds monétaire international (FMI) dans un communiqué.
L'UE comme le FMI se dont dits prêts à aider le Portugal mais à la condition que Lisbonne adopte d'ici la mi-mai un "programme d'ajustement", basé sur des mesures d'austérité "ambitieuses" et une politique de "croissance et compétitivité" alliant réformes structurelles et privatisations.
Ce programme, qui devra impliquer "les principaux partis politiques" sera "multi-annuel, le plus probablement sur trois ans", a précisé M. Rehn, alors que l'opposition portugaise réclamait une aide en "deux phases", tenant compte des incertitudes politiques du pays.
Le Portugal est plongé dans une crise politique depuis la démission le 23 mars du Premier ministre socialiste José Socrates, désavoué par le rejet au parlement d'un nouveau programme d'austérité. Des élections législatives anticipées sont prévues le 5 juin.
Le plan du gouvernement démissionnaire, visant à ramener le déficit public à 4,6% du PIB en 2011, puis 3% en 2012 et 2% en 2013, sera pourtant le "point de départ" des négociations, ont affirmé vendredi les ministres européens des Finances, réunis à Gödöllö (Hongrie).
Le paquet de mesures exigées devrait même "être plus dur que celui qui a été rejeté par le Parlement", a prévenu le ministre finlandais, Jyrki Katainen.
Sans contester la nécessité des mesure d'austérité ou des réformes, le chef de l'opposition de centre-droit, Pedro Passos Coelho, favori pour succéder à M. Socrates, a néanmoins de nouveau contesté dimanche soir la légitimité du "gouvernement de gestion" à négocier un plan à moyen terme.
"Il serait important que, dans le cadre de l'aide extérieure, nous puissions garantir les résultats pour 2011 mais qu'il soit possible de laisser certaines mesures pour le futur gouvernement", a estimé le président du parti social-démocrate (PSD).
Déjà samedi, le président Anibal Cavaco Silva, ancien Premier ministre social-démocrate, avait appelé les institutions européennes à faire preuve d'"un peu d'imagination" en acceptant un "programme d'aide intérimaire" jusqu'aux élections.
Un scénario immédiatement exclu par le commissaire Olli Rehn.
"Il est important que (...) nous définissions maintenant une stratégie qui garantira qu'il puisse y avoir un accord rapide avec tous les partis sur un programme d'ajustement budgétaire", a souligné M. Rehn.
Plusieurs partenaires européens du Portugal, notamment la Suède, les Pays-Bas et la Belgique, ont déjà mis en garde Lisbonne en rappelant la "conditionnalité" de l'aide.
"Si le Portugal, après les élections, ne s'en tient pas au programme prévu, alors les versements au Portugal seront immédiatement stoppés", a déclaré lundi le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager.