par Gilles Guillaume et Giulio Piovaccari
PARIS/MILAN (Reuters) - La famille Peugeot (PA:PEUP) et la banque publique BPI, deux des principaux actionnaires de PSA, ont demandé des assurances pour que le schéma de gouvernance initial survive à Carlos Tavares si celui-ci venait à s'en aller, ont dit à Reuters deux sources proches de PSA.
Depuis l'officialisation de leur projet de mariage qui donnerait naissance au quatrième groupe automobile mondial, les deux sociétés travaillent d'arrache-pied pour signer un protocole d'accord (MoU) d'ici à la fin de l'année.
Les discussions vont durer tout le week-end pour tenter de finaliser les derniers sujets en suspens et présenter le MoU au conseil de surveillance de PSA mardi prochain. Rien n'indique que la demande de clarification des actionnaires du groupe français puisse être considérée comme un obstacle à la signature d'un accord."La composition finale du tour de table à Amsterdam fait un peu débat", a dit une des sources. "La famille Peugeot et BPI, notamment, craignent que PSA ne perde son déséquilibre favorable si quelque chose arrive à Carlos Tavares."
Côté FCA, une source a estimé "qu'il n'y avait aucun problème de nature à retarder un accord entre les deux parties."
Une source française au fait des discussions a indiqué pour sa part "que ce n'était pas un sujet et que la gouvernance était identique à ce qui a été annoncé et approuvé le 31 octobre".
PSA, FCA et la banque publique BPI, qui détient 12,2% de PSA à parité avec la famille fondatrice Peugeot et le chinois Dongfeng, ont tous refusé de faire un commentaire.
LE ONZIEME SIEGE DE TAVARES
Présenté fin octobre comme une fusion entre égaux, le rapprochement entre PSA et FCA prévoit que les deux constructeurs se partagent la direction du futur groupe et que leurs actionnaires détiennent respectivement 50% du capital de la nouvelle entité.
Mais les actionnaires de PSA disposeront d'un avantage au conseil, avec un siège de plus que leurs homologues de FCA revenant à Carlos Tavares, également appelé à devenir, pour une durée initiale de cinq ans, directeur général du groupe fusionné.
Le communiqué initial entretient une petite ambiguïté sur le sujet car il n'additionne pas ce siège à ceux des actionnaires de PSA.
Sur onze membres, cinq seront choisis par FCA - John Elkann, président du conseil d'administration du futur groupe, sera l'un d'eux - et cinq par PSA. Le onzième sera Carlos Tavares, actuel président du directoire de PSA.
La société de conseil aux actionnaires Proxinvest s'est étonnée dans une note "que les actionnaires du constructeur français paient une prime de contrôle implicite (...) alors qu'il n'y aura pas vraiment contrôle de PSA sur FCA".
L'objectif du mariage est de dégager des synergies dans les achats, les fonctions support, les fabrications et la Recherche & Développement (R&D) à un moment où l'industrie automobile doit investir massivement dans l'électrification et la connectivité des voitures, mais tout en veillant à préserver un équilibre entre la France et l'Italie pour ne pas susciter l'ire des syndicats et des politiques.
Malgré les critiques et l'irruption de sujets comme la plainte de General Motors (NYSE:GM) contre FCA, les deux groupes espèrent signer un accord avant Noël, sans doute d'ici à la fin de la semaine prochaine, a-t-on précisé d'une troisième source proche du dossier.
GM a porté plainte aux Etats-Unis contre Fiat Chrysler pour racket, accusant son rival de corruption lors de ses négociations avec le syndicat UAW afin d'obtenir des avantages indus sur les salaires et les conditions de travail.
Le niveau de la participation du chinois Donfgeng dans le futur groupe constitue un autre point d'interrogation. Un poids trop important au capital du constructeur franco-italo-américain pourrait gêner le feu vert de Washington au projet, mais cette présence reste en interne jugée précieuse pour maintenir un accès au marché automobile géant de Chine.
(Avec Gwénaëlle Barzic à Paris, édité par Simon Carraud)