Le gouvernement va-t-il maintenir en 2012 le gel de l'indice salarial des fonctionnaires? La question sera mardi au coeur du rendez-vous salarial annuel de la fonction publique, le sujet étant d'autant plus tendu qu'une prime est évoquée au même moment pour les salariés du privé.
Le gouvernement a refusé de confirmer lundi que le gel du point d'indice, qui sert de base au calcul des salaires des 5,2 millions d'agents des trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière) serait reconduit pour 2012, après avoir déjà été entériné pour 2011. Le quotidien les Echos, citant des sources proches du dossier, affirme toutefois que les dés sont jetés.
Le point d'indice avait été relevé de 0,5% au 1er juillet 2010, le gouvernement annonçant son gel pour 2011. La hausse, accompagnée d'un relèvement du minimum de traitement des fonctionnaires (à 1,365,94 euros bruts) avait représenté un effort d'1 milliard d'euros.
Pour les syndicats, la question est cruciale, le point d'indice, seule mesure collective concernant tous les fonctionnaires, étant vu comme un élément central du salaire des agents.
A l'inverse, le gouvernement estime qu'il ne s'agit que de l'un des éléments de la rémunération, qui compte aussi les primes, les avantages sociaux, les mesures catégorielles, etc.
Interrogée sur le gel du point pour 2012, Christine Lagarde a affirmé lundi qu'elle préférait laisser le soin au secrétaire d'Etat à la fonction publique, Georges Tron, et à son ministre de tutelle, François Baroin, de s'exprimer sur ces questions.
Mais, a-t-elle souligné, "il faut qu'on soit évidemment extrêmement exigeants et complètement responsables sur la gestion des finances publiques" et donc "très attentifs à la dépense".
En octobre, la Cour des comptes avait estimé que le gel "jusqu'à fin 2013" semblait "techniquement nécessaire" pour "respecter l'objectif global de maîtrise de dépenses publiques".
Du côté des syndicats, la perspective de serrer encore d'un cran la ceinture passe mal.
Pour Brigitte Jumel (CFDT), il est "choquant" que les agents soient rémunérés "sur la base du déficit budgétaire qu'ils auraient à résorber".
Le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly a jugé de son côté lundi que le gel du point n'était "pas acceptable", ajoutant qu'"en tant qu'employeur l'Etat doit intervenir".
Du côté de la CGT, Jean-Marc Canon a confirmé que la discussion de mardi porterait sur la valeur du point, précisant toutefois ne pas avoir vu sur ce sujet le moindre "frémissement de la part du gouvernement".
Certains syndicats font un rapprochement entre la rigueur demandée aux fonctionnaires, et la prime évoquée ces derniers jours pour les salariés des entreprises distribuant des dividendes.
Dans un communiqué baptisé "question à 1.000 euros", soit le montant que pourrait atteindre la prime du privé selon M. Baroin, l'Unsa "rappelle au bon souvenir du gouvernement la situation de ses 5 millions d'agents", prônant "la revalorisation du point d'indice".
FO s’étonne pour sa part du "motus gouvernemental concernant la fonction publique" en ce qui concerne cette prime. "Monsieur Baroin aurait-il oublié que les fonctionnaires et agents publics relèvent de sa responsabilité?", s'interroge le syndicat.
Les fonctionnaires sont déjà affectés par le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux, qui doit se poursuivre en 2012, se traduisant par la suppression d’environ 30.000 nouveaux emplois. La moitié des économies générées par ce dispositif doit leur revenir.
Enfin, ils verront également leur taux de cotisation retraite s'aligner progressivement sur celui du privé, passant, d'ici 2020, de 7,85% à 10,55%.