par Stefano Bernabei
SIENNE, Italie (Reuters) - Les actionnaires de Banca Monte dei Paschi di Siena (MI:BMPS) ont donné leur aval jeudi à une augmentation de capital de cinq milliards d'euros, le troisième plan de renflouement en trois ans pour la banque italienne, qui joue sa survie en raison de la dégradation de son bilan.
Les besoins de capitaux frais de la banque toscane - plus vieille banque du monde encore en activité puisqu'elle a été fondée en 1472 - représentent plus de sept fois sa valeur boursière actuelle.
Cette recapitalisation doit lui permettre de céder une partie de ses créances douteuses et de renforcer son bilan, deux étapes indispensables pour lui permettre d'envisager un avenir.
Numéro trois du secteur en Italie, Monte dei Paschi a terminé à la dernière place du classement des banques de la zone euro placées sous la supervision directe de la Banque centrale européenne lors des tests de résistance menés par celle-ci l'été dernier, la BCE concluant qu'elle serait incapable de résister à un choc économique important.
Son nouvel administrateur délégué, Marco Morelli, arrivé en septembre, a consacré les dernières semaines à présenter son plan de sauvetage à plus de 250 investisseurs institutionnels, parmi lesquels des "hedge funds" et des fonds souverains, sans parvenir à s'assurer des engagements fermes.
Les investisseurs sont en effet très prudents vis-à-vis du secteur bancaire italien dans son ensemble à moins de deux semaines du référendum sur le projet de réforme de la constitution de Matteo Renzi, le président du Conseil, car une victoire du "non" pourrait déclencher une crise politique dans la péninsule.
L'INCONNUE DU RÉFÉRENDU CONSTITUTIONNEL
La fondation bancaire Monte dei Paschi, qui a longtemps contrôlé la banque mais ne détient plus aujourd'hui que 0,7% du capital, a déclaré jeudi qu'elle préférerait attendre de connaître le résultat du référendum du 4 décembre avant de se décider sur une éventuelle participation au renflouement.
Mais le temps presse car Marco Morelli veut lever avant la fin de l'année les capitaux nécessaires pour couvrir les pertes que ne manqueront pas d'occasionner la cession prévue de créances à risque d'une valeur faciale de 28 milliards d'euros.
Si le projet échoue, Monte dei Paschi n'aura plus d'autre solution que d'appeler l'Etat italien à l'aide pour survivre. Or les nouvelles règles européennes sur la résolution bancaire prévoient que les actionnaires, les créanciers obligataires et les gros déposants soient mis à contribution avant toute injection d'argent public.
Environ 150.000 petits actionnaires détiennent 55% du capital de Monte dei Paschi mais le Trésor est le premier actionnaire avec une participation de 4%, reçue en échange de prêts pendant la crise financière.
La banque de Sienne, qui a déjà levé huit milliards d'euros d'argent frais sur la période 2014-2015, s'était employée ces dernières semaines à assurer que soit atteint le quorum de 20% du capital nécessaire pour valider les décisions prises lors de l'assemblée générale de jeudi. Elle y est parvenue puisque les actionnaires présents représentaient 22,4% du capital.
Le projet d'appel au marché a été approuvé par 96,1% des votes exprimés.
Pour réduire le montant des capitaux frais à lever par le biais de l'émission d'actions nouvelles, Monte dei Paschi va lancer une offre de conversion de 5,3 milliards d'euros d'obligations en actions.
Marco Morelli a précisé que cette offre serait lancée dès lundi, pour cinq jours, sous réserve du feu vert de la Consob, le gendarme des marchés italiens.
A la Bourse de Milan, l'action Monte dei Paschi a fini la journée à 0,23 euro, en hausse de 3,3%. Le titre a perdu 80% de sa valeur depuis le début de l'année.
(Bertrand Boucey et Marc Angrand pour le service français)