PARIS (Reuters) - La directrice générale d'Engie (PA:ENGIE) Isabelle Kocher réfléchit à l'opportunité pour l'énergéticien de reprendre le contrôle total de son ancienne filiale Suez, rapporte mardi BFM Business sur son site internet.
Les spéculations sur un rapprochement d'Engie avec le numéro deux mondial de la gestion de l'eau et des déchets, dont il détient encore un tiers du capital après avoir laissé expirer un pacte d'actionnaires de contrôle en 2013, reviennent régulièrement.
Le producteur et distributeur de gaz et d'électricité, également très présent dans les services énergétiques, avait indiqué début 2016 ne pas avoir mandaté de banque en vue d'une opération avec Suez, avant d'assurer qu'aucun rapprochement global n'était envisagé. Suez a de son côté défendu à plusieurs reprises son modèle actuel.
Selon BFM Business, qui cite des sources proches d'Engie, Isabelle Kocher a présenté l'été dernier son projet de créer un géant des services à l'énergie à des candidats à la primaire de la droite et du centre.
Ce plan suscite cependant des oppositions en interne, dont celle du directeur général de Suez Jean-Louis Chaussade et de Gérard Mestrallet, président à la fois d'Engie et de Suez, précise BFM, ajoutant qu'une décision n'interviendrait qu'après l'élection présidentielle.
Isabelle Kocher "a fait la tournée des grands candidats de la primaire de la droite et du centre pour leur présenter son idée de 'créer un grand acteur des services à l'énergie autour de l'électricité, du gaz et de l'eau'", écrit BFM en citant "un proche de l'un des piliers de la primaire".
BFM ajoute que la directrice générale prévoirait de financer l'opération, représentant autour de 5 milliards d'euros, avec le produit des cessions programmées par Engie.
"Une des idées consisterait à revendre ensuite l'activité propreté (Sita) de Suez pour limiter la facture. Puis d'arrimer les métiers de gestion de l'eau à Ineo, la filiale à la mode d'économie d'énergie, pour qu'elle profite des liens commerciaux de Suez avec les villes", écrit BFM Business.
Des porte-parole d'Engie et de Suez ont déclaré que les groupes ne commentaient pas "les rumeurs".
A 10h40, l'action Suez gagne 3,77% à 13,885 euros, enregistrant la plus forte hausse de l'indice SBF 120 (+0,19%), tandis qu'Engie perd 0,29%.
"A court terme, un rapprochement ne fait pas forcément sens, ni pour Engie ni pour Suez, qui sont tous les deux engagés d’ici à 2018 dans des plans de transformation structurants", a estimé Pierre Antoine Chazal, analyste chez Bryan Garnier.
"A plus long terme, ça ne paraît pas insensé de la part d'Engie dans la mesure où le groupe veut se renforcer dans les services et les activités régulées. Mais je n'y crois pas forcément (...) Ajouter une pierre supplémentaire à un édifice qui n'est pas encore pleinement construit me paraît pour l'instant assez compliqué", a-t-il ajouté.
BFM a également rapporté que Veolia suivait de près le scénario d'une reprise de contrôle de Suez par Engie et que "ses banquiers (n'avaient) pas attendu pour ressortir les schémas de fusion avec Suez qu'ils avaient rangés depuis deux ans".
Une source proche de Veolia, dont l'action enregistre la deuxième plus forte hausse du CAC 40 à 10h40 avec un gain de 1,4%, a toutefois indiqué à Reuters qu'il n'y avait "aucun projet sur la table" avec Suez.
(Benjamin Mallet, avec Gwénaëlle Barzic, édité par Dominique Rodriguez)