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La Guyane marque une pause dans la mobilisation pour le dimanche de Pâques, à l'occasion duquel de nombreux Guayanais ont prévu de se rendre à la messe, en attendant de savoir lundi ce que décidera le collectif "Pou la Gwiyann dékolé" sur la suite du mouvement.
Après presque un mois de blocage, des représentants du collectif ont lancé samedi soir un nouvel appel à rester déterminés sur Radio Péyi, très suivie depuis le début du mouvement social.
"En ce moment, les barrages sont ouverts, mais le combat ne sera jamais fini", a insisté Mikael Mancée, porte-parole du collectif.
"Il faut faire prendre conscience aux gens de la gravité de la situation. Il faut expliquer pourquoi on doit exiger beaucoup plus que ce qu'ils nous ont donné", a-t-il ajouté, en référence aux engagements du gouvernement.
Les manifestants portent depuis un mois des revendications sécuritaires, économiques et sociales pour permettre au territoire d'outre-mer de rattraper son retard sur l'Hexagone. Ils réclament à l'Etat français 2,1 milliards supplémentaires, après le plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros validé par le gouvernement la semaine dernière.
Mikael Mancée a assuré que le barrage proche du centre spatial de Kourou resterait fermé. "On sait qu'on a un moyen de pression", explique-t-il.
"Mais on n'est pas dupes. On sait que s'ils le veulent, ils peuvent lancer la fusée. Mais on leur suggère fortement de ne pas nous faire un nouvel affront", a-t-il lancé.
Vendredi, le PDG d'Arianespace a lancé un cri d'alarme auprès des élus locaux, après "trois campagnes de lancement" de la fusée interrompues, qui ont provoqué "plusieurs millions d'euros de surcoûts" et des craintes pour la pérennité des "9.000 emplois" que génère l'activité spatiale en Guyane.
"On demande trois milliards d'euros pour remettre le pays sur les rails. On nous dit que c'est irréaliste, mais le budget alloué par l'Etat dans le spatial c'est six milliards", a souligné Mikael Mancée.
Selon lui, "quel que soit le gouvernement qui sera là (après la présidentielle, ndlr), ce qu'on demande, il va être obligé de nous le donner, c'est de leur responsabilité."
Dominique Mangal, président de l'Union guyanaise des transporteurs routiers, a de son côté appelé "toute la population à nous aider. Il faut que vous soyez avec nous".
- assemblée générale lundi -
Le collectif, qui rassemble élus, associations, syndicats et socio-professionnels, doit se réunir en assemblée générale lundi pour décider s'il referme les barrages et quelles suites à donner au mouvement.
Il avait annoncé jeudi soir l'ouverture des barrages pour le week-end pascal, pour permettre à la population de se rassembler en famille, d'aller à la messe, et de profiter du bouillon d'awara, plat traditionnel guyanais de Pâques.
Cette décision faisait suite à plusieurs jours de divisions dans la population, mais aussi au sein du collectif, sur l'opportunité de poursuivre le blocage, qui paralyse la Guyane depuis un mois et pénalise l'activité économique.
La justice s'est emparée du dossier, en décidant de procéder à des contrôles de police sur les barrages, dans le cadre d'une enquête pour "entrave à la circulation", après des plaintes déposés par des particuliers.
Au Grand port de Cayenne, un nouveau navire de 80 containers de marchandises a été déchargé samedi, après 320 déjà arrivés jeudi. Et plusieurs camions ont pu sortir des containers, contenant notamment des produits sensibles (aliments périssables, médicaments, etc.) après la décision du préfet de Guyane, Martin Jaeger, d'autoriser exceptionnellement les poids-lourds à circuler durant le week-end pascal.
"Le reste est stocké jusqu'à ce que les conditions de circulation soient rétablies", a expliqué à l'AFP Philippe Lemoine, directeur du port.
"La difficulté, c'est que le port n'est pas extensible". Alors qu'il compte une centaine de prises pour les containers frigorifiés, "on n'est pas loin de la saturation", explique-t-il.
Sans compter qu'il va falloir récupérer les 1.200 containers dispersés au plus fort de la grève, entre dans des ports du Suriname et de Trinidad-et-Tobago. "Tout cela va avoir un coût", a-t-il dit.
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