L'agence de notation Moody's a annoncé mardi qu'elle envisageait d'abaisser la note du cimentier français Lafarge, actuellement de Baa3, ce qui rétrograderait l'entreprise au rang d'émetteur spéculatif.
Moody's a justifié cette annonce sur Lafarge par "la faiblesse de ses fonds propres" et un profil d'emprunteur qui ne correspond pas à celui d'une société classée en "catégorie investissement".
Une autre agence de notation, Standard and Poor's, a déjà relégué au rang spéculatif le numéro un mondial du ciment, en abaissant d'un cran le 17 mars sa note de dette à long terme, passée de BBB+ à BB-.
A la Bourse de Paris, l'action Lafarge a perdu mardi 3,81% à 34,32 euros, dans un marché en baisse de 1,02%, soit la quatrième plus forte baisse du CAC 40.
"La performance opérationnelle de Lafarge a été moins bonne durant les six premiers mois de 2011 que durant la même période de 2010. De plus, cette tendance négative s'est accélérée durant le deuxième trimestre", souligne Moody's.
Moody's prévoit pour Lafarge un second semestre 2011 morose avec des volumes de ventes en progression de 2% à 5% alors que les coûts d'énergie devraient progresser de 12%.
Lafarge rappelle de son côté qu'il agit sur l’ensemble de ses leviers opérationnels pour augmenter sa flexibilité financière. Le PDG Bruno Lafont avait annoncé en février un plan d'action visant à réduire l'endettement d'au moins 2 milliards d'euros en 2011, un objectif avec lequel le groupe affirme être en ligne à la fin du premier semestre.
Pour ce faire, il est en train de se désengager de l'activité plâtre. Le groupe, qui a fait du ciment et du béton ses priorités, a notamment vendu coup sur coup mi-juillet ses actifs dans le secteur en Europe et en Amérique du sud pour 1 milliard d'euros, et en Australie pour 120 millions d'euros. Au total, il a réalisé 1,8 milliard d'euros de désinvestissements.
Le groupe cimentier est affecté par son énorme dette - en partie due au rachat de l'égyptien Orascom Cement en janvier 2008 - qui suscite l'inquiétude des marchés financiers. Elle s'élève à 14,26 milliards d'euros fin juin.
Au premier semestre, Lafarge a vu son bénéfice net baisser de 34% à 260 millions d'euros, comparé à un an plus tôt, tandis que le chiffre d'affaires, lui, a progressé de 3% à 7,97 milliards d'euros grâce à des hausses de prix.
L'homme le plus riche de Belgique, l'homme d'affaires Albert Frère, 85 ans, contrôle désormais indirectement 28,46% des droits de vote (21% du capital), via l'une de ses holdings, Groupe Bruxelles Lambert (GBL).