Des milliers de personnes ont défilé en Italie et à Madrid contre les réformes en cours dans les deux pays destinées à donner des gages au marchés paniqués par la crise de la dette et le risque d'une nouvelle récession, l'Espagne se disant capable de se financer mais "très inquiète" de la situation grecque.
Dès le début de matinée, des milliers d'Italiens ont manifesté à travers le pays à l'appel du principal syndicat, la CGIL, pour dénoncer l'austérité dans le cadre d'une grève de 8 heures qui a entraîné des perturbations dans les transports et la fermeture de sites touristiques comme le Colisée à Rome.
Des défilés ont eu lieu dans une centaine de villes de la péninsule, avec notamment 10.000 manifestants à Florence (centre) et 15.000 à Gênes (nord).
"C'est un plan que ce pays ne mérite pas (...) Nous sommes au bord de l'abîme, nous avons besoin d'un gouvernement responsable", a déclaré la secrétaire générale de la CGIL, Susanna Camusso, en tête du cortège qui a défilé de l'esplanade devant la gare centrale de Termini jusqu'au Colisée.
Dans la soirée, c'est dans le centre de Madrid que plusieurs milliers de manifestants ont marché contre la révision constitutionnelle destinée à inscrire la "règle d'or" de stabilité budgétaire dans la Loi fondamentale. Ils défilaient à l'appel des deux principaux syndicats, CCOO et UGT qui ont estimé le nombre de participants à 25.000.
"Ma Constitution, je la vote moi", "constitutionnaliser la pauvreté, non !", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants qui agitaient également des drapeaux des syndicats CCOO et UGT.
Les slogans étaient nettement moins nombreux que lors des manifestations récentes des "indignés", mouvement né à la mi-mai en Espagne d'une exaspération face à un chômage de plus de 20% et à l'incapacité des politiques à sortir de la crise.
Afin de rassurer les marchés pris de panique à la suite de la crise de la dette en Europe et outre-Atlantique, le gouvernement espagnol a décidé d'adopter la procédure d'urgence pour inscrire la "règle d'or" de stabilité budgétaire dans la Constitution, suivie mardi par l'Italie.
Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero est lui-même intervenu mardi pour défendre cette réforme et rassurer sur l'Espagne. Il a reconnu une situation économique difficile, mettant en avant surtout le problème de la Grèce et des "tensions" sur les marchés, tout en assurant que l'Espagne pouvait y faire face et qu'elle allait "bien sûr se financer par elle-même".
"Nous allons surmonter ces tensions. Elles ne sont pas bonnes pour notre économie, mais nous allons les surmonter", a assuré M. Zapatero, en visite à Ankara.
Le matin, la ministre de l'Economie Elena Salgado avait assuré que l'Espagne "n'avait à aucun moment couru le risque de devoir être secourue, même si la Banque centrale européenne avait dû intervenir pour racheter de la dette grecque et italienne sur les marchés.
Ue mise au point alors que la veille, le dirigeant du CCOO, Ignacio Fernandez Toxo, avait affirmé que José Luis Rodriguez Zapatero avait reconnu au moins d'août que le pays était "au bord de l'abîme" au point de nécessiter un "sauvetage". Le responsable syndical s'est d'ailleurs rétracté mardi, affirmant qu'il s'était trompé.
Le Sénat espagnol devrait adopter mercredi la révision constitutionnelle votée vendredi par les députés. Une loi organique est prévue avant le 30 juin 2012 pour imposer une limite de 0,4% du Produit intérieur brut du déficit budgétaire d'ici à 2020.