Le Parlement allemand a donné un feu vert sans ambiguïté jeudi au renforcement du fonds de secours de la zone euro, rassurant sur la capacité des dirigeants de la première économie européenne à résoudre la crise de la dette.
La perspective de nouveaux versements à la Grèce exsangue avec le retour jeudi à Athènes de la "troïka", représentant les trois grands créanciers de la Grèce (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), était un autre message positif, alors que des critiques avaient fusé dans le monde entier sur la gestion de la crise par les Européens.
Les députés allemands ont, comme prévu, approuvé à une large majorité le renforcement du mécanisme anti-crise de la zone euro, le FESF, qui maintient déjà le Portugal et l'Irlande sous perfusion.
Mieux encore, la chancelière Angela Merkel n'a pas eu besoin des votes de l'opposition pour compenser des défaillances dans son propre camp, un scénario qui aurait ébranlé sa crédibilité.
"Heureusement que le Bundestag a approuvé l'élargissement du FESF", a commenté son porte-parole Steffen Seibert, ajoutant que "l'Europe et la moitié du monde avaient les yeux rivés sur l'Allemagne".
Le président français Nicolas Sarkozy a "félicité vivement" Mme Merkel pour ce "pas important (...) accompli au service de la stabilité de la zone euro". Et confirmé qu'il recevrait à 17H00 (15H00 GMT) vendredi le Premier ministre grec Georges Papandréou "afin de faire le point avec lui".
La Commission européenne a elle salué le vote du Bundestag et espéré qu'à "la mi-octobre" au plus tard les six pays devant encore ratifier le renforcement du fonds d'aide européen auraient emboîté le pas à l'Allemagne.
Ce calendrier pourrait être contrarié par la Slovaquie, qui menace de faire traîner.
Mais en attendant, le feu vert de la première puissance européenne, également première contributrice à tous les plans d'aide, reste un signal positif.
L'économiste Holger Schmieding, de Berenberg Bank, a parlé d'un soutien "solide comme un roc" à l'euro. "Quand il s'agit de la question qui compte, à savoir est-ce que l'Allemagne va faire ce qu'il faut pour préserver la monnaie unique, il y a un large consensus en faveur de l'euro", note-t-il.
Sur les marchés financiers, ce feu vert largement anticipé a été accueilli sans euphorie. Les Bourses européennes ont clos dans le vert -à l'exception de Londres- mais surtout grâce à de bons indicateurs américains.
Parallèlement, la "troïka" a repris ses travaux à Athènes.
Les représentants des bailleurs de fonds internationaux de la Grèce ont été fraîchement accueillis par des fonctionnaires occupant les ministères pour s'opposer à la politique de rigueur.
La "troïka" doit s'assurer que dans ce climat social tendu le gouvernement grec tient ses promesses d'austérité et, le cas échéant, libérer le versement de 8 milliards d'euros, une partie de l'aide promise au printemps 2010 lors du premier sauvetage du pays.
La décision, dernier espoir de la Grèce avant le défaut de paiement, devrait être prise lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) le 13 octobre, a fait savoir Berlin.
Un avis positif de la troïka sur les progrès d'Athènes serait aussi un coup de pouce bienvenu pour la mise en route d'un deuxième plan d'aide à la Grèce, annoncé en juillet par les gouvernements européens mais dont l'entrée en vigueur est encore incertaine.
En Allemagne ce deuxième plan fera l'objet d'un vote distinct du Bundestag.
Les responsables de la zone euro avaient besoin d'envoyer des signes rassurants, après des remarques acerbes du président américain Barack Obama sur leurs tâtonnements.
Mercredi, le ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne William Hague a eu cette déclaration tonitruante: "J'avais décrit l'euro comme un bâtiment en flammes, dépourvu d'issues, et cela s'est avéré vrai dans certains des pays membres".
Pour éviter que cet incendie ne se propage, par exemple à l'Italie ou à l'Espagne, la zone euro pourrait être forcée rapidement de prendre des mesures plus radicales.
Parmi les spéculations: une démultiplication de l'aide européenne via des mécanismes financiers complexes, un effacement partiel de la dette grecque, ou l'émission de titres de dette communs aux pays membres de la zone euro.