La chancelière allemande Angela Merkel a exhorté mercredi l'Europe à accélérer la manoeuvre pour recapitaliser les banques qui en ont besoin et stopper la contagion de la crise de la dette, alors que le FMI s'inquiète de la lenteur de la réponse de la zone euro.
En parallèle, les fonctionnaires et salariés du public en Grèce ont observé une journée de grève contre l'austérité qui leur est imposée pour tenter de juguler la crise budgétaire qui menace leur pays de faillite.
Au sein de la zone euro, la crainte domine de voir la crise de la dette se propager comme une traînée de poudre via une crise du secteur bancaire, comme en 2007 et 2008 après la faillite de Lehman Brothers aux Etats-Unis. Ses responsables se mobilisent en conséquence pour tenter de colmater les brèches.
"Il est justifié, s'il y a un constat commun que les banques ne sont pas assez capitalisées, que l'on y procède, compte tenu de la situation actuelle sur les marchés financiers", a déclaré lors d'une visite à Bruxelles la chancelière allemande, à propos de la nécessité de recapitaliser le secteur bancaire.
Plusieurs sources ont par ailleurs partiellement confirmé à l'AFP des informations du Financial Times selon lequel les ministres européens des Finances ont demandé au régulateur bancaire européen (EBA) de plancher sur les éventuels besoin en recapitalisation des banques européennes dans l'hypothèse d'une importante décote de leurs titres grecs.
Mme Merkel a appelé ses partenaires à établir "des critères communs". "Pour les marchés, il est important qu'on aboutisse à des résultats", a-t-elle jugé, "le temps presse et donc il faudrait que cela se fasse vite".
L'Allemagne est disposée à montrer la voie. "Le gouvernement allemand est prêt, si nécessaire, à réaliser une recapitalisation" des banques chez lui, a assuré la chancelière, en n'excluant pas que la question soit abordée au plus haut niveau, lors du prochain sommet européen à Bruxelles, les 17 et 18 octobre.
Selon le quotidien allemand Die Welt à paraître jeudi, la chancelière entend convaincre le président français Nicolas Sarkozy d'agir vite pour soutenir les banques lors de leur rencontre prévue dimanche à Berlin, alors que Paris préfèrerait attendre.
Les difficultés de la banque franco-belge Dexia, premier établissement victime de la crise de la dette en Europe, ont sonné l'alarme.
Privée des liquidités dont elle a besoin pour assurer son activité, elle est en voie de démantèlement avec le soutien de la France et de la Belgique, actionnaires à hauteur de 5,7% chacune.
De manière générale, les banques européennes sont de plus en plus réticentes à se prêter de l'argent entre elles. Et leurs concurrentes américaines fuient la zone euro.
La Commission européenne a aussi prôné "une approche concertée, coordonnée en Europe" sur cette question. "Le capital des banques européennes doit être renforcé afin de leur donner une marge de sécurité et ainsi de réduire l'incertitude" sur les marchés, a estimé son commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn.
Le Fonds monétaire international a, lui, concrètement suggéré mercredi d'injecter entre 100 et 200 milliards d'euros dans les plus grandes banques européennes pour stabiliser le secteur. Elles sont fragilisées par la dette publique d'Etats européens considérés comme fragiles qu'elles détiennent.
La volonté affichée de l'UE de soutenir ses banques a rassuré les marchés boursiers européens, qui ont tous terminé en nette hausse après plusieurs séances de glissade.
La situation reste grave toutefois, ainsi que l'a illustré la dégradation mardi de trois crans de la note italienne par l'agence Moody's. Angela Merkel a invité Rome à "mettre en oeuvre ses engagements" de réduction du déficit public pour rassurer les marchés.
Le responsable du FMI pour l'Europe, Antonio Borges, a jugé dans ce contexte à Bruxelles qu'il était "plus que temps" que la zone euro trouve une solution à la crise de la dette, parlant d'une risque de récession en 2012.
En Grèce, les mesures d'austérité exigées en contrepartie des prêts internationaux continuent à provoquer la colère de la rue. Mercredi, écoles et musées sont restés fermés, des vols ont été annulés, et les hôpitaux fonctionnent au ralenti, en raison d'une grève dans le secteur public.
Les fonctionnaires protestent essentiellement contre le projet de mettre 30.000 d'entre eux au chômage technique avec un salaire réduit de 40% d'ici à la fin de l'année, avant un probable licenciement au bout d'un an.
Un deuxième plan de sauvetage a été promis en juillet au pays, de 109 milliards d'euros de prêts, auxquels s'ajoutera une contribution des banques créancières. A l'origine, il était prévu qu'elles acceptent une dépréciation de leurs créances de 21% en moyenne. Mais Mme Merkel a de nouveau laissé entendre mercredi que l'effort pourrait être "ajusté" à la hausse en raison de la dégradation de la situation économique du pays.