La présidente du Brésil Dilma Rousseff participe cette semaine au sommet des Brics à New Delhi, une visite qui pourrait être décisive dans le choix du Rafale par le Brésil.
Dilma Rousseff participera jeudi au IVè Sommet des Brics (le groupe des puissances émergentes: Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) et effectuera vendredi une visite d'Etat dans le pays.
Un moment crucial de cette visite bilatérale sera la discussion sur le choix de l'Inde en faveur du Rafale.
L'Inde a annoncé en février qu'elle ouvrait des négociations exclusives avec l'avionneur Dassault pour l'achat de 126 Rafale, un méga-contrat de 12 milliards de dollars, marquant le premier succès à l'exportation de l'avion français.
Des analystes et des sources du gouvernement brésilien ont indiqué que la décision de l'Inde pourrait inciter le Brésil à faire le même choix.
"L'échange d'idées et d'impressions" sur le choix de l'Inde en faveur de l'avion de chasse français Rafale "sera certainement enrichissant pour nous", a déclaré récemment la sous-secrétaire politique du ministère des Affaires étrangères, Maria Eudileuza Fonteneles Reis.
Après plusieurs reports dus à des coupes budgétaires, le Brésil doit désigner le vainqueur de l'appel d'offre portant sur l'achat de 36 avions de chasse pour moderniser son armée de l'air, un contrat de 5 milliards de dollars.
Le Rafale du français Dassault est en compétition avec le F/A-18 Super Hornet de l'américain Boeing et le Gripen NG du suédois Saab.
"La décision de l'Inde, non officielle encore, peut avoir un impact sur la décision du Brésil, parce qu'elle montre que le Rafale -jusqu'à présent jamais vendu à l'étranger- a déjà un client", a déclaré à l'AFP Nelson During, directeur du site spécialisé Defesanet.
Selon lui, cela pourrait même "relancer un vieux projet discuté entre les deux pays en 2002, de s'organiser pour produire un même avion" (à l'époque, le Mirage).
La diplomate brésilienne a expliqué que le ministre de la Défense, Celso Amorim, s'était rendu en Inde en février et que la possibilité "d'un accord technique militaire" entre les deux pays avait été débattue sur la base d'un projet présenté par le Brésil.
"Il est extrêmement intéressant" que les deux pays discutent d'un accord militaire car "il pourrait y avoir beaucoup de choses complémentaires dans le domaine industriel", a souligné Nelson During.
Le gouvernement brésilien a prévu de prendre sa décision seulement après les voyages de la présidente Rousseff en Inde et aux Etats-Unis en avril, et seulement une fois connus les résultats de l'élection présidentielle française en mai.
L'analyste militaire et général de réserve Alvaro Pinheiro avait dit récemment à l'AFP que "beaucoup dépendra de la négociation en Inde" sur le prix et l'étendue du transfert de technologie.
Le Brésil exige un transfert de technologie total pour construire sur place l'appareil, avec la possibilité de le vendre ensuite sur le marché régional. Sur ce point, le Rafale est clairement le mieux placé, le gouvernement français s'étant engagé à un transfert "sans restriction" et les Brésiliens étant méfiants sur la possibilité des Etats-Unis de faire de même en dépit de leurs engagements, selon les analystes.
En revanche, les Etats-Unis offrent, avec le F-18, le meilleur prix.