Geodis devrait être choisi ce vendredi, sauf surprise, pour reprendre partiellement le transporteur en difficulté Sernam mais le sort des plus de 1.400 salariés reste encore incertain.
Le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) doit examiner à 17H00 la seule offre en lice, celle de la filiale de logistique de la SNCF, qui a présentée mardi une offre améliorée pour Sernam, en redressement judiciaire depuis le 31 janvier.
Geodis est "confiant" dans ses chances de reprendre Sernam, a indiqué une porte-parole.
Ancienne filiale de la SNCF, Sernam avait été privatisée en 2005 et acquise par le fonds Butler Capital. Mais la société n'a pas résisté à la concurrence exacerbée du secteur, combinée à la crise économique.
Geodis a accepté mardi de mettre davantage sur la table pour la reprise du fonds de commerce: 500.000 euros contre 50.000 euros initialement, selon lui (certaines sources ont évoqué une somme de départ de 96 euros), auxquels s'ajouteraient 250.000 euros proposés par BMV, sa filiale à 30%.
Mais Geodis n'a pas amélioré sa proposition en matière d'emploi, en n'offrant toujours de sauvegarder que 826 postes.
La marque Sernam ne serait pas conservée, Geodis souhaitant intégrer les activités de la société dans celles de sa filiale Calberson.
Tous les sites d'exploitation ne seront pas repris. "Les agences Geodis Calberson situées au sein des mêmes bassins d'emplois (distance de 0 à 30 km) reprendront les personnels concernés", selon l'offre de reprise dont l'AFP s'est procurée une copie. De même, il ne prévoit pas de reconduction des contrats de sous-traitance.
Sernam compte encore 1.441 employés, contre 1.600 fin janvier, après une série de départs liés aux difficultés financières de l'entreprise.
Selon une source proche du dossier, l'offre inclurait en réalité le maintien de seulement 622 postes et le reste en reclassements.
Pour les salariés non concernés par l'offre de reprise, une cellule de reclassement sera mise en place.
- Un dossier sensible à la veille de la présidentielle -
Le ministère du Travail a aussi réuni à plusieurs reprises différents acteurs du secteur du transport et de la logistique --SNCF, la Poste, fédérations patronales et entreprises-- pour mettre sur pied une Bourse à l'emploi.
La SNCF, où la rotation des salariés est importante, estime à environ 500 les postes qui pourraient correspondre à des profils d'employés de Sernam.
Les postes offerts seront "réservés" à ces derniers, a assuré Maxime Dumont, secrétaire général de l'Union fédérale route CFDT.
Dans tous les cas, les salariés sont assurés de toucher leurs paies en avril, selon l'avocate du Comité d'entreprise Aline Chanu.
L'issue du dossier Sernam est éminemment sensible à l'approche de l'élection présidentielle, le gouvernement souhaitant éviter à tout prix des licenciements à moins de dix jours du premier tour.
Il avait déjà fait en sorte que le candidat à la reprise de Sernam n'ait pas à rembourser 642 millions d'euros d'aides d'Etat jugées illégales par la Commission européenne, comme le demandait le patron de Geodis, Pierre Blayau.
Sa deuxième condition pour le dépôt d'une offre tenait à la date de prise de contrôle de l'entreprise. M. Blayau exigeait d'en avoir la jouissance 28 à 45 jours après la décision judiciaire. Mais il a dû se résoudre à proposer une reprise en main dès le 7 mai.