Les associations de consommateurs réclament une alternative gratuite aux chèques, en cas de mise en oeuvre des recommandations d'un rapport prônant de réduire de moitié en cinq ans les transactions par ce moyen de paiement dont les Français sont les principaux utilisateurs en Europe.
Ce rapport, commandé par Bercy en 2011 et qui vient d'être dévoilé, émet 20 propositions sur l'avenir des moyens de paiement.
La plus concrète vise à fixer un premier objectif de réduction de moitié en cinq ans du nombre de chèques émis en France, afin de préserver l'équilibre financier des banques. En 2010, les Français ont rédigé 3,12 milliards de chèques pour 1.828 milliards d'euros.
L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a qualifié cet objectif d'"ambitieux", soulignant qu'il a fallu 10 ans (2002-2012) pour diminuer de moitié les chèques émis en France.
"C'est d'autant plus ambitieux que les consommateurs n'ont aucun moyen alternatif pour leurs paiements du quotidien", a relevé auprès de l'AFP Maxime Chipoy, chargé de mission auprès de l'association, défendant tout comme la CLCV le principe de gratuité des chèques.
"La CLCV n'est pas opposée au développement de nouveaux moyens de paiement mais elle est vigilante quant à la satisfaction des besoins des consommateurs", a-t-elle précisé.
Pour Emmanuel Constans, l'un des auteurs du rapport et président du Comité consultatif du secteur financier (CCSF), l'usage des chèques "est appelé à reculer mais cela doit aller de pair avec le développement de moyens de paiement alternatifs pratiques et pas chers, voire gratuits".
Pour cette raison, le rapport rédigé avec l'ancien directeur général du Crédit Agricole Georges Pauget, met particulièrement l'accent sur la nécessité de renforcer les paiements sécurisés sur internet et de développer des moyens modernes de paiement en face à face (sans contact, notamment).
Le concurrence de PayPal
"C'est la deuxième révolution des moyens de paiements. On ne peut pas attendre indéfiniment car la concurrence se développe", a expliqué à l'AFP M. Constans, faisant référence aux acteurs non bancaires tels PayPal ou Google Wallet, et qui préconise une grande réunion de tous les acteurs, les "Assises des paiements".
La Fédération bancaire française (FBF) a assuré que "les banques françaises ne demandent pas la disparition du chèque mais entendent investir, comme elles l'ont toujours fait, dans le développement des moyens de paiement les plus innovants".
Elle souligne que "les principaux autres pays de la zone euro ont d'ores et déjà pratiquement abandonné le chèque au profit exclusif de moyens de paiement modernes, sûrs et plus pratiques".
Reste que, selon le rapport, l'équilibre actuel du financement des moyens de paiement "est menacé" notamment par la réduction des marges dégagées par les banques avec la création du SEPA (espace unique des paiements européens) et les évolutions technologiques.
Il souligne la "charge importante" pour les banques représentée par la délivrance d'espèces aux distributeurs automatiques (2,6 milliards d'euros) et la mise à disposition et l'utilisation gratuite des chèques (2,5 milliards).
A l'inverse, les cartes bancaires et les virements/prélèvements sont sources de revenus (respectivement 2,6 et 0,7 milliards d'euros).
Les banques s'emploient depuis déjà une vingtaine d'années à réduire le nombre de chèques. Mais elles n'ont jamais ouvertement fixé d'objectif.
Selon la Banque de France, citée dans le rapport, les chèques représentaient 56,6% du volume des moyens de paiement utilisés en 1991 (hors espèces), 25,6% en 2006 et 18,2% en 2010, un niveau sans égal en Europe.
A titre de comparaison, le Royaume Uni arrivait en deuxième position en Europe en 2010 pour les paiements par chèque, avec 8% des transactions réglées par ce biais.