L'année 2009 s'annonce comme la pire depuis onze ans pour le secteur de la construction en France, au vu du nouveau recul des mises en chantier de logements neufs au troisième trimestre, mais la reprise attendue des permis de construire laisse espérer un sursaut courant 2010.
Le nombre de mises en chantier de logements neufs a encore reculé entre juillet et septembre dans l'Hexagone pour atteindre 68.710, soit 36,2% de moins qu'un an plus tôt, a annoncé mardi le ministère de l'Ecologie.
"On va passer sous la barre des 300.000 mises en chantier pour l'ensemble de l'année 2009, contre 368.000 en 2008 et 435.000 en 2007, ce qui nous fait revenir au niveau de 1998, il y a onze ans", souligne Michel Mouillart, professeur à l'Université Paris-X et spécialiste du secteur, interrogé par l'AFP.
Sur douze mois (octobre 2008 à septembre 2009), le nombre de mises en chantier (293.315 unités) est en repli de 21,1%.
Pour répondre à la demande de logements non satisfaite en France, l'objectif affiché du gouvernement était de 500.000 nouveaux logements par an.
"Les mises en chantier devraient continuer de baisser au premier semestre 2010, mais la courbe des permis de construire annonce une reprise pour l'été 2010. Mais il faudra encore quelques trimestres pour que cette reprise s'accélère, à condition que les aides publiques et les incitations fiscales soient maintenues", note M. Mouillart.
En attendant, le nombre de permis de construire a encore chuté de 23,2% au 3e trimestre par rapport au même trimestre de 2008.
Ce chiffre dénote toutefois un net ralentissement de la baisse par rapport au deuxième trimestre (-32,3%). Et pour le seul mois de septembre, la baisse n'est plus que de 18,1%, ce qui correspond au "frémissement" des ventes sur plan enregistrées depuis le printemps par les promoteurs. "On est au creux de la vague", estime M. Mouillart.
"Les permis de construire devraient commencer à augmenter à nouveau au premier semestre 2010 et les mises en chantier au semestre suivant", assure Marc Pigeon, le président de la Fédération des promoteurs constructeurs (FPC). Et il réitère ses critiques contre l'abandon de certaines mesures de soutien au secteur dans le budget 2010, les effets du plan de relance étant encore à ses yeux trop ténus.
Il juge ainsi prématuré l'arrêt au 1er juillet prochain du doublement du prêt à taux zéro (PTZ) pour les ménages modestes achetant un logement neuf.
"Il n'est pas non plus judicieux de réduire les avantages fiscaux pour les investisseurs au motif d'un +verdissement+ des aides impossible à réaliser en 2010", affirme M. Pigeon.
Ce sont en effet les "primo-accédants" à la propriété, grâce au PTZ, et les ménages aisés, investissant dans des logements pour les louer et minorer leurs impôts, qui tirent actuellement le marché. En revanche, les mises en chantier de maisons individuelles, souvent acquises dans un deuxième temps par les ménages, continuent de s'effondrer (-45% au 3e trimestre).
Dans le budget 2010, le crédit d'impôt pour les investisseurs achetant un logement neuf pour le louer (loi "Scellier") est maintenu à 25% pour les bâtiments basse consommation (BBC) d'énergie. Mais pour les autres habitations, cette réduction tombera à 20% en 2010, puis 15% en 2011 et 2012.
Or, seulement 3% des logements qui vont être construits en 2010 devraient respecter la norme environnementale BBC (moins de 50 kWh/m2).