Le tribunal de commerce de Paris examinera mardi à huis clos les offres de reprise de la maison de couture Christian Lacroix, en redressement judiciaire depuis juin et qui pourrait être rachetée par un cheikh émirati, en partenariat avec le couturier.
Le jugement devrait être mis en délibéré.
Selon l'administrateur judiciaire Régis Valliot, "il n'y a pas beaucoup de suspense". Il est "vraisemblable que le tribunal de commerce de Paris retienne cette offre puisqu'elle satisfait les trois critères prévus par la loi : le maintien de l'activité, la sauvegarde des emplois et l'apurement du passif", a-t-il déclaré à l'AFP.
Cette offre sera confrontée aux offres distinctes mais complémentaires de la Financière Saint Germain (ndlr: Haviland, Daum, Lalique) et de Bernard Krief Consulting (BKC), a-t-on rappelé lundi au cabinet de l'administrateur. L'Italien Borletti (La Rinascente, Le Printemps) s'est désisté au terme d'un été de tractations.
L'offre émiratie, qui émane du cheikh Hassan ben Ali al-Naimi, un proche de la famille régnante de l'émirat d'Ajman, petit émirat membre de la fédération des Emirats Arabes Unis, prévoit un budget global de 100 millions d'euros pour l'apurement du passif, les pertes attendues au redémarrage de la griffe et son développement, ont précisé M. Valliot et Diane François, avocate du cabinet François & Associés, représentant le cheikh.
Selon Christian Lacroix, le cheikh est déjà impliqué dans le luxe via les grands magasins new-yorkais Saks et Barneys.
Propriété depuis 2005 du groupe américain Falic, spécialisé dans le duty free, la maison Christian Lacroix a enregistré l'année dernière dix millions d'euros de pertes pour un chiffre d'affaires de 30 millions d'euros. Elle compte actuellement 105 salariés.
Selon Christian Lacroix, le projet auquel il est associé développerait les activités au-delà de la haute couture et du prêt-à-porter féminin de luxe. Il envisage "un tronc commun où la couture rejoindrait le design" mais "le schéma reste à définir précisément", a-t-il expliqué à l'AFP.
Ces dernières années, Christian Lacroix a notamment été designer pour le tramway de Montpellier, le TGV-Est et des hôtels. Il a précisé avoir "eu assez souvent des propositions" concernant des yachts ou des jets mais "c'était un peu secondaire" et "je ne suis pas équipé", a-t-il ajouté.
BKC n'a cependant pas dit son dernier mot. Il est "très vraisemblable" que le cheikh l'emporte s'il est "bien présent avec son offre et les financements qu'ils a indiqués", a admis lundi le pdg de BKC, Louis Petiet. Mais "si ce n'est pas le cas, il y a une offre française pour faire un leader mondial de très haut luxe".
Dans l'"offre globale" de BKC, la Financière rachèterait la griffe et l'exploitation de la plupart des licences, et BKC assurerait le développement de la haute couture et du prêt-à-porter de luxe. Les effectifs pourraient "passer de 105 personnes à 300" en cinq ans, affirme M. Petiet en précisant avoir fourni vendredi après-midi des "pièces complémentaires" concernant son offre.
Début octobre, BKC n'avait "toujours pas justifié de son moyen de financement", selon l'administrateur judiciaire.
Christian Lacroix de son côté se veut prudent. "Nous ne sommes pas encore à l'abri d'une mauvaise surprise", dit-il. Mais selon lui une chose est sûre : si l'offre émiratie est choisie, la maison, en sommeil depuis le défilé haute couture de juillet, reprendra ses activités "dans l'heure qui suit".