Total (PA:TOTF) va racheter la société d'exploration-production pétrolière danoise Maersk Oil pour 7,45 milliards de dollars, une opération majeure qui va lui permettre de renforcer sa production en mer du Nord.
"L'intégration des activités de Maersk Oil fera de Total le second opérateur en mer du Nord, bénéficiant de positions majeures au Royaume-Uni, en Norvège et au Danemark", a souligné Patrick Pouyanné, président-directeur général de Total, lundi matin dans un communiqué.
Le groupe français, déjà présent dans la région depuis les années 60, va en effet y devenir le deuxième opérateur derrière le norvégien Statoil (OL:STL) avec plus de 500.000 barils équivalents pétrole par jour (bep/j). Ce renforcement devrait permettre au groupe Total de produire 3 millions bep/j en 2019.
La mer du Nord représente 80% des activités de Maersk Oil, qui dispose d'une solide compétence technique dans cette zone. Ses autres activités internationales (Golfe du Mexique aux Etats-Unis, Algérie, Afrique de l'est, Kazakhstan, Angola) sont aussi jugées très complémentaires par Total.
- 'Synergies' -
Le rachat, en actions et en dette, se fera auprès du groupe danois A.P. Møller–Mærsk, qui cherche à se recentrer sur le transport et la logistique en se débarrassant de ses actifs dans l'énergie. Les conseils d'administration des deux entreprises ont approuvé l'opération.
Dans le détail, Total apportera 4,95 milliards de dollars de ses propres actions à A.P. Møller–Mærsk et reprendra à son compte 2,5 milliards de dollars de dette de Maersk Oil, soit une transaction à 7,45 milliards de dollars (6,3 milliards d'euros).
A.P. Møller–Mærsk recevra ainsi des actions représentant environ 3,75% du capital de Total, qui a par ailleurs proposé un siège à son conseil d'administration à la holding qui contrôle la société danoise.
La présidente d'A.P. Møller–Mærsk a parlé d'une décision "difficile" à prendre mais "juste". Total manifeste "un intérêt sincère de développer et d'investir dans les actifs et les capacités créées dans le cadre de Maersk Oil, tout en préservant le patrimoine de la principale compagnie pétrolière du Danemark", a réagi Mme Ane Maersk Mc-Kinney Uggla, dans un communiqué.
Total attend de ce rachat, dont la finalisation est attendue au premier trimestre 2018, des synergies supérieures à 400 millions de dollars par an.
La Bourse de Paris a réagi avec prudence: l'action Total perdait 0,09% à 42,61 euros lundi à 11H00 GMT, dans un marché en recul de 0,31%. A la Bourse de Copenhague, l'action Maersk prenait près de 3,5%.
"C'est une surprise de la part de Total et bien qu'il existe des synergies claires entre les portefeuilles (des deux entreprises), les principaux bénéfices financiers n'apparaitraient qu'après 2020", ont jugé les analystes de Jefferies dans une note.
- Plus grosse acquisition depuis Elf -
C'est en pleine déprime des cours du pétrole, qui stagnent autour de 50 dollars le baril, que Total s'est lancé dans sa plus grosse acquisition depuis l'absorption d'Elf au début des années 2000.
Le groupe a adopté un programme d'économies pour faire face à cette faiblesse des cours qui dure depuis trois ans mais avait prévenu récemment qu'il était prêt à des acquisitions.
"Je suis convaincu que la bonne stratégie d'un groupe pétrolier est d'être contracyclique", a expliqué Patrick Pouyanné à des journalistes lors d'une conférence téléphonique. Il s'agit de lancer des projets et d'acheter des actifs quand leurs prix sont bas afin d'en profiter ensuite lorsque les cours remontent.
"Total a acquis ces actifs à des valeurs qui sont relativement favorables aux acheteurs", souligne ainsi Alex Kemp, professeur d'économie du pétrole à l'université d'Aberbeen, en Ecosse.
L'acquisition indique par ailleurs "que Total a l'intention de continuer à être un investisseur et un producteur important en mer du Nord", juge l'expert.
Total a désormais l'intention de faire du Danemark un de ses deux grands centres (avec Aberdeen) pour superviser son activité d'exploration-production en mer du Nord.
Pour Total, bien implanté au Moyen-Orient et en Afrique, c'est aussi une façon de limiter les risques après d'autres opérations plus osées, comme l'accord gazier signé avec l'Iran début juillet.