CERNOBBIO, Italie (Reuters) - Le projet de fusion entre Luxottica et Essilor fera l'objet d'un examen minutieux des autorités antitrust européennes, a déclaré la commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager, invitée samedi du forum européen Ambrosetti en Italie.
L'italien Luxottica, premier fabricant mondial de montures de lunettes, propriétaire notamment de la marque Ray-Ban, et le français Essilor, numéro un de l'optique ophtalmologique, ont annoncé en janvier leur projet de mariage qui doit créer un nouveau géant du secteur avec un chiffre d'affaires de plus de 15 milliards d'euros et une capitalisation boursière de 47 milliards.
Les deux groupes espèrent boucler l'opération, qui prendra la forme d'une absorption de Luxottica par Essilor, avant la fin de l'année mais il leur faut auparavant obtenir le feu vert des autorités de la concurrence dans plusieurs pays.
Margrethe Vestager, dont les services n'ont été officiellement notifiés que le 22 août, a souligné qu'il était trop tôt pour dire si Essilor et Luxottica auraient à faire des concessions en échange du feu vert de l'UE.
"Ce sont des groupes qui ont des parts de marchés très importantes et, s'agissant des lunettes de soleil et des verres optiques, il s'agit d'un marché considérable alors je ne peux pas dire", a-t-elle déclaré à Reuters en marge de la conférence.
"Même s'il s'agit d'une intégration verticale, quand on a des parts de marché de cette ampleur (...) une analyse approfondie est nécessaire", a-t-elle ajouté.
Une intégration verticale, entre deux sociétés présentes à des stades différents de la chaîne de production, est en principe moins inquiétante pour les autorités antitrust qu'une fusion "horizontale" qui accroît les parts de marché d'un groupe. Mais un rapprochement vertical peut bloquer ou freiner l'accès de la concurrence à des fournisseurs ou acheteurs, ce que tentera de déterminer la CE.
Interrogée sur le projet de reprise de l'aciérie italienne Ilva par ArcelorMittal (AS:MT), le numéro un mondial de l'acier, Margrethe Vestager a évoqué un "cas très délicat" mais noté que la bonne coopération avec les autorités italiennes était de bon augure pour le processus d'approbation.
(Valentina Za, Véronique Tison pour le service français)