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Espagne: année noire pour le chômage en 2012, pas d'embellie avant fin 2013

Publié le 03/01/2013 11:00
Mis à jour le 03/01/2013 17:30

L'Espagne a terminé l'année 2012 avec 4,85 millions de chômeurs, un fléau social que la quatrième économie de la zone euro mettra du temps à juguler, dans un contexte d'austérité budgétaire et de récession persistante.

Malgré la légère baisse enregistré en décembre et le volontarisme affiché par les responsables politiques, tout semble indiquer que le nombre de personnes à la recherche d'un emploi poursuivra sa progression en 2013.

A fin décembre, 4,85 millions de personnes étaient à la recherche d'un emploi en Espagne, soit 9,64% de plus qu'un an plus tôt, selon les chiffres publiés jeudi par le ministère de l'Emploi et de la Sécurité sociale.

La secrétaire d'Etat à l'Emploi, Engracia Higaldo, souligne que le rythme de la hausse a ralenti par rapport aux mois précédents: le nombre de chômeurs en Espagne a augmenté de 233.000 personnes durant la seconde moitié de l'année, contre 300.000 demandeurs d'emploi supplémentaires au second semestre 2011.

En rythme mensuel, le chômage a même enregistré une baisse, pour la première fois depuis le mois de juillet: le nombre de demandeurs d'emplois a reculé de 1,2% en décembre par rapport à novembre, qui avait atteint le chiffre record de 4,91 millions de personnes.

Le ministre du Budget, Cristobal Montoro, a qualifié jeudi ce phénomène d'"extrêmement positif", l'attribuant notamment à la "lutte contre la fraude fiscale et la fraude aux prestations chômage" menée par son ministère.

Mais tous les observateurs s'accordent pour dire qu'il serait prématuré de parler d'une réelle inflexion.

"Je pense qu'il s'agit plus d'un pic d'embauches saisonnier, lié aux fêtes de fin d'année, qu'à un changement de tendance", estime Javier Velazquez, économiste à l'université Complutense, de Madrid.

Dans un contexte de morosité persistante, une baisse statistique du nombre de chômeurs peut aussi être liée au découragement de certains demandeurs d'emplois, qui cessent de réaliser les démarches officielles ou renoncent à chercher un travail, souligne également l'économiste.

Selon lui, l'économie espagnole devrait continuer à détruire des emplois "au moins jusqu'à la moitié de l'année prochaine".

Dans son dernier rapport sur l'Espagne, l'OCDE estimait même que le nombre de chômeurs dépasserait 6 millions dans le pays en 2013 et en 2014, à 26,9% de la population active l'an prochain, et 26,8% l'année suivante, contre 25% en 2012.

Selon l'Institut national de la statistique (INE), qui utilise une méthode de calcul différente du ministère de l'Emploi, le nombre de chômeurs s'établissait à 5.778.100 à la fin du troisième trimestre 2012, franchissant ainsi la barre historique des 25%, à 25,02% de la population active. Un chiffre qui place l'Espagne au deuxième rang des pays industrialisés qui comptabilisent le plus de chômeurs, derrière la Grèce.

Officiellement, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy table toujours sur un taux de chômage de 24,6% fin 2012, contre 21,6% en 2011, puis sur une légère baisse en 2013, à 23,3%.

Mardi, le ministre de l'Economie Luis de Guindos a dit espérer un retour à la création d'emplois au quatrième trimestre 2013. "Les bases sont en train de se mettre en place pour qu'au quatrième trimestre de cette année, on commence à voir des taux de croissance positifs de l'emploi", a affirmé le ministre, à la radio Cadena Ser.

L'Espagne, frappée par l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, a renoué avec la récession fin 2011, moins de deux ans après en être sortie, et sa situation financière laisse craindre la nécessité d'un sauvetage global de son économie.

Sous la pression des marchés et de l'Union européenne, le gouvernement, au pouvoir depuis un an, a multiplié les coupes budgétaires et les hausses d'impôts, supprimant notamment de nombreux emplois publics, pour tenter de ramener son déficit public de 9,4% du PIB en 2011 à 2,8% en 2014.

Mais selon les analystes, cet objectif est difficilement tenable et cette cure d'austérité repousse un peu plus la reprise économique du pays et le gouvernement s'est lui-même résigné à une nouvelle année de récession en 2013, après un repli du PIB attendu à 1,5% en 2012.

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