La Banque centrale européenne (BCE) devrait débuter l'année sur un statu quo monétaire en dépit de la récession et d'un niveau de chômage record en zone euro, de l'avis des analystes.
"Une baisse de taux d'intérêt ou tout autre action de la BCE jeudi constituerait une surprise selon nous", explique Christian Schulz, économiste de la banque Berenberg.
Le principal taux d'intérêt directeur de la BCE, qui réunit son conseil des gouverneurs à partir de 08H00 GMT, stationne depuis juillet à 0,75%, son plus bas niveau historique.
"Les membres du conseil de la BCE ont essayé ces dernières semaines de calmer les spéculations sur une baisse des taux", rappelle Michael Schubert, de Commerzbank.
Le Luxembourgeois Yves Mersch, tout nouveau membre de son directoire, a ainsi fait part fin décembre dans la presse allemande de son opposition à une baisse des taux, jugeant que ce ne serait pas efficace.
En effet, malgré les taux extrêmement bas, le crédit reste grippé. Les prêts au secteur privé en zone euro ont reculé en novembre, pour le septième mois d'affilée.
Par ailleurs, malgré l'entrée en récession de la zone euro au 3ème trimestre 2012, les derniers indicateurs montrent "une stabilisation" de son économie, bien qu'à un niveau faible, tandis que le moral des investisseurs comme des ménages grimpe malgré un taux de chômage de 11,8% en novembre, constate Carsten Brzeski, d'ING. Des données qui ne devraient pas inciter non plus l'institution monétaire de Francfort à bouger d'un iota jeudi, selon lui.
D'autant que la BCE va vouloir garder des munitions pour le cas où la situation se dégraderait brusquement, ajoute-t-il.
L'institution a livré des prévisions pessimistes en décembre: elle s'attend à un recul du Produit intérieur brut (PIB) de la région de 0,3% en 2013, contre +0,5% pronostiqués trois mois plus tôt. Mais elle prévoit une reprise à compter de la fin du premier semestre.
Toutefois, ses responsables préfèrent se montrer prudent. Certes, l'état de la zone euro est "plus stable" qu'il y a un an mais "l'élimination des problèmes structurels et de compétitivité durera encore des années", a averti la semaine dernière Jörg Asmussen, membre de son directoire. "Les risques sont toujours là, la situation est toujours fragile", a aussi mis en garde son vice-président, Vitor Constancio.