L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a relevé vendredi sa prévision pour la demande mondiale de pétrole en 2013, et a prévenu que la prise d'otages assombrissait les perspectives du secteur algérien de l'énergie, dans son rapport mensuel sur le marché pétrolier.
L'agence située à Paris, qui regroupe les grands pays consommateurs d'énergie, évalue désormais à 90,8 millions de barils par jour (mbj) la demande pétrolière mondiale en 2013, soit 240.000 barils de plus qu'en décembre.
Cela représente une hausse de 1% (ou 930.000 barils par jour) par rapport à la demande pétrolière en 2012 (elle-même rehaussée à 89,8 mbj, en hausse de 1,1%). L'organisation a justifié ce relèvement par une réévaluation de la consommation pétrolière fin 2012 et des attentes plus élevées qu'auparavant concernant la demande chinoise.
Concernant l'état global du marché, l'AIE souligne qu'après la nette révision à la hausse de sa prévision de la demande en 2013, le marché pétrolier "apparait plus serré que nous ne le pensions". Sur le front de la demande, la demande chinoise s'accélère après une phase de croissance ralentie, et du côté de l'offre.
Cependant, l'AIE souligne que malgré ces facteurs, "il semble trop tôt pour proclamer le début d'un nouveau cycle du marché ou un retour à un marché haussier", soulignant qu'il faut se garder d'interprétation hâtives vis-à-vis de la demande chinoise et de la production saoudienne, très complexes à décoder, et dont les dernières inflexions pourraient résulter en partie de "fluctuations passagères".
L'AIE a par ailleurs estimé que la prise d'otages sur un site gazier en Algérie "fait peser un nuage noir sur les perspectives du secteur de l'énergie du pays", dans un rapide passage en revue de la production d'hydrocarbures du pays.
L'Agence précise que la production de pétrole brut algérienne a été stable le mois dernier, à 1,18 million de barils par jour, et a très légèrement reculé de 15.000 barils par jour sur l'ensemble de 2012 à 1,17 mbj.
Suite à "l'enlèvement et au meurtre d'employés pétroliers étrangers", elle rappelle que la production du gisement gazier d'In Amenas a été arrêtée, ce qui inclut une production de condensats (ndlr : hydrocarbures liquides semblables à du pétrole brut) "estimée à 50.000 barils par jour".
Plus généralement, l'agence prévient qu'après des périodes durant lesquelles les facteurs dominants sur le marché pétrolier étaient la croissance de la demande et les contraintes freinant la production (de 2003 à 2008), puis la crise financière, on assiste à un changement de paradigme, les risques de nature politique prenant désormais le dessus.
"Le marché pétrolier, comme le démontrent les dernières données, est largement influencé par des risques politiques accrus, et ce pas seulement en Syrie, en Iran, en Irak, en Libye ou au Venezuela", écrit-elle, ajoutant que "les changements de politique fiscale ou commerciale, en Chine comme en Russie, peuvent d'un trait de plume chambouler la production pétrolière (...) et redessiner la carte des échanges pétroliers".