Le coût de la quasi-paralysie du trafic dans le ciel européen est estimé à quelque 200 millions de dollars mais les experts restent prudents son impact réel face à l'incertitude sur la dissipation du nuage de cendres volcaniques venu d'Islande.
"Au niveau de perturbation actuel (...), l'impact financier sur les compagnies aériennes est de plus de 200 millions de dollars (147,3 millions d'euros) par jour en termes de chiffre d'affaires perdu", a annoncé vendredi un porte-parole de l'Association internationale du transport aérien (IATA), Anthony Concil.
Aucun des grands transporteurs européens, Air France-KLM, British Airways ou Lufthansa, n'a dévoilé le coût des annulations de centaines de leurs vols depuis jeudi.
L'IATA a fait ses calculs sur la base du chiffre d'affaires perdu. Mais le coût peut s'avérer plus complexe à estimer, faute de savoir combien de voyageurs choisiront le remboursement intégral de leur billet - une perte de recettes pour les compagnies - plutôt que le report de leur vol.
"Tant que nous n'avons pas de visibilité sur la durée de ces perturbations, il est difficile de dire quel est le coût pour les compagnies", explique en outre Marina Devitt, de la maison de courtage Goodbody à Dublin.
Interrogé par l'AFP, ADP, gestionnaire des aéroports parisiens, a également indiqué qu'il était "trop tôt pour avoir des estimations".
Une façon de le calculer est de prendre la recette d'une compagnie sur une année et de la diviser par 365, avance néanmoins un expert parisien.
Sur cette base, "pour Air France-KLM, une paralysie totale du trafic pendant une journée coûte environ 30 millions d'euros, pour British Airways, ce sont 25 millions d'euros", ajoute un autre analyste à Paris.
Le nuage de cendres volcaniques pourrait coûter au total 50 millions d'euros par jour pour l'ensemble du secteur aérien en Allemagne et "moins de 10 millions d'euros par jour" pour Lufthansa, estime de son côté Per-Ola Hellgren, analyste de la banque LBBW.
La compagnie finlandaise Finnair a évalué l'impact à deux millions d'euros par jour.
Selon la revue spécialisée dans le trafic aérien Boarding.dk, celui-ci s'élève à 16 millions d'euros pour la première compagnie scandinave, SAS, et à 4 millions pour la low-cost norvégienne Norwegian.
Les compagnies devraient toutefois récupérer une partie de ces recettes perdues dans la mesure où le taux de remplissage des avions sera maximal à la reprise du trafic quand il est habituellement de l'ordre de 75% pour une compagnie généraliste et un peu plus pour une low cost.
Avec des avions cloués au sol, elles économisent par ailleurs les coûts de kérosène.
"L'impact ponctuel sur le bénéfice (de l'irlandaise Ryanair) devrait être faible dans la mesure où la plupart des coûts opérationnels vont être évités, exception faite des locations d'avions et des coûts salariaux", relève la maison de courtage irlandaise NCB.
A Berlin, Londres et Paris, les analystes se montrent ainsi plutôt optimistes pour l'avenir d'autant plus que cet événement n'affectera pas le comportement des passagers.
"Il n'y aura pas d'effet de long terme sur le secteur aérien comme après les attentats du 11 septembre où il y avait derrière une problématique de sécurité", résume Olivier Fainsilber du cabinet Oliver Wyman.
Il ajoute que la valeur des compagnies ne devrait pas être affectée au-delà de la recette perdue sur quelques jours dans la mesure où il ne s'agit pas d'un changement structurel mais d'un arrêt du trafic consécutif à un événement exceptionnel.
Steve Bond, spécialiste des questions aériennes à l'université de Londres, souligne cependant qu'il n'y a "aucun précédent à ce niveau". cela pourrait donc représenter un "risque pour la survie" des petites compagnies au moment où le trafic émerge à peine de la période de récession, a-t-il ajouté.