Le Premier ministre chinois Li Keqiang a indiqué lundi, au siège de l'Union africaine (UA) à Addis Abeba vouloir doubler le montant des échanges commerciaux d'ici 2020 entre la Chine et l'Afrique.
Pékin va "porter d'ici 2020 ses échanges commerciaux (avec l'Afrique) à 400 milliards de dollars et les investissement directs en Afrique à 100 milliards de dollars", a déclaré M. Li au siège de l'UA, offert par la Chine.
Selon le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, président en exercice de l'UA, "les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique a atteint le niveau record de 200 milliards de dollars".
Pékin, qui a un besoin crucial de matières premières - pétrole, gaz, minerai ou bois -, est le principal partenaire commercial de l'Afrique depuis 2009 et l'un des principaux investisseurs sur le continent.
"Amitié indéfectible" ou relation "d'égal à égal" avec l'Afrique et investissements économiques: le Premier ministre chinois a développé les thèmes chers à Pékin concernant le continent africain. Mais le Premier ministre chinois a également promis, sans beaucoup de détails, que la Chine allait "se concentrer sur la paix et la sécurité sur le continent", une nouveauté dans le discours chinois.
"Elle va aider au développement de forces africaines capables de répondre aux crises urgentes", a-t-il expliqué. Un projet de force africaine en attente (FAA), force de réaction rapide capable d'être projetée partout où une crise éclate sur le continent, promise depuis des années par l'UA, a pris un retard conséquent.
M. Li a également annoncé, sans autres précisions, une aide de 50 millions de yuans (environ 8 millions de dollars) pour "soutenir le Soudan du Sud", ensanglanté depuis mi-décembre par un conflit accompagné de massacres ethniques, où Pékin a réalisé d'importants investissements et qui le fournit en pétrole.
Il n'a pas précisé où irait cette aide, ni fait de commentaire sur ce conflit, qui a fait des milliers de morts et chassé de chez eux plus d'un million de personnes, mais aussi sérieusement endommagé des puits de pétrole et fait chuter de plus d'un tiers la production de brut sud-soudanais.
Pékin, qui a fait de la "non-ingérence dans les affaires intérieures" des autres Etats un principe sacro-saint, avait indiqué mi-janvier participer, via son représentant spécial aux Affaires africaines Zhong Jianhua, aux efforts de médiation entre belligérants sud-soudanais, qui se déroulent depuis début janvier à Addis Abeba, sous l'égide de l'Igad, organisation sous-régionale est-africaine.
- Pekin veut déroger à son principe sacro-saint -
"C'est un défi pour la Chine. C'est quelque chose de nouveau pour nous, notre président ayant décidé que nous nous ferions plus en matière de paix et de sécurité pour ce continent, c'est un nouveau chapitre pour les relations extérieures de la Chine", a récemment déclaré à la télévision d'Etat chinoise Zhong Jianhua, au sujet de l'implication de Pékin dans ce dossier.
La Chine est le plus important acheteur de brut du Soudan du Sud et l'un des principaux investisseurs dans le secteur pétrolier du pays, qui a hérité à son indépendance en juillet 2011, de 75% des réserves de brut du Soudan d'avant la partition.
L'entreprise pétrolière d'Etat China National Petroleum Corp (CNPC), qui détient des participations ou exploite plusieurs blocs pétroliers et gaziers au Soudan du Sud, a évacué une partie de son personnel depuis le début du conflit, qui a éclaté mi-décembre au sein de l'armée sud-soudanaise entre troupes loyales au président Salva Kiir et celles fidèles à son ancien vice-président Riek Machar.
M. Li a également assuré lundi que son pays prendrait "une part active à l'industrialisation de l'Afrique", notamment en poursuivant son financement d'infrastructures.
M. Hailemariam s'est réjoui de la hausse constante des investissements directs chinois en Afrique, particulièrement de "la forte augmentation des investissements chinois dans le secteur manufacturier, qui a le potentiel pour transformer l'Afrique en nouveau centre industriel".
La Chine reste accusée par ses détracteurs de "piller" l'Afrique, comme le firent les puissances coloniales. Elle est également pointé du doigt pour son manque présumé d'action contre la contrebande d'ivoire et de corne de rhinocéros venue d'Afrique, dont elle est l'une des principales destination.