Laurence Parisot, actuelle présidente du Medef et seule candidate déclarée pour l'élection à la tête du mouvement patronal début juillet, devrait être logiquement réélue pour un dernier mandat de trois ans.
Les candidats avaient jusqu'à samedi dernier pour déposer leur dossier. Or, seule Mme Parisot a fait acte de candidature, a annoncé vendredi le Medef.
Elle sera auditionnée le 17 mai par le conseil exécutif, qui rendra son avis le 31 mai, avant l'élection prévue le 1er juillet.
Il n'y avait plus de suspense depuis près de deux semaines. Les deux seuls candidats potentiels encore dans la course avaient en effet jeté l'éponge: Thibault Lanxade, patron de PME, ainsi que la dirigeante du petit mouvement patronal Ethic, Sophie de Menthon.
Pour le président du Medef Rhône-Alpes, Patrick Martin, le contexte économique et social "difficile" explique peut-être l'absence de candidats face à l'actuelle présidente.
"Quand les gens en France n'ont pas fait un bon mandat, ils veulent généralement en faire un second", a de son côté ironisé lundi Denis Kessler, PDG de Scor et ex vice-président du Medef, qui plaide pour une refondation patronale.
Si la réélection de Mme Parisot à la tête de l'organisation patronale ne fait pas de doute, reste à savoir avec quelle participation et combien de suffrages.
Privée de concurrents, elle ne va pas renoncer à "faire campagne", elle va "faire vivre le débat en vue de son prochain mandat", notamment en province, assure-t-on dans son entourage.
Sans challenger, elle pourra s'atteler plus librement aux gros dossiers qui attendent les partenaires sociaux, comme la réforme des retraites.
Depuis cinq ans, le Medef n'a "jamais cessé de défendre les intérêts des entreprises et l’espace du paritarisme", fait valoir Laurence Parisot sur son blog de campagne. Elle se targue aussi d'avoir "métamorphosé l'image du patronat" et rappelle avoir contribué à instaurer un code éthique pour encadrer les rémunérations des dirigeants.
Son élection en 2005 à la tête du mouvement patronal avait symbolisé la victoire des services face à l'industrie, notamment face au patronat de la métallurgie (UIMM), traditionnel faiseur de rois au Medef.
Celui-ci a d'ores et déjà prévenu que pour être adoubée par le secteur, Laurence Parisot devrait entendre la voix des industriels et engager des réformes en matières de gouvernance.
"En fonction des réponses reçues, nous prendrons position", a prévenu Yvon Jacob, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), dont l'UIMM est membre.
De nombreux détracteurs ont critiqué la gestion trop personnelle, selon eux, de Mme Parisot, qui a expliqué en partie la démission de deux directeurs généraux et le départ du Medef fin décembre d'une fédération (l'Ania).
"Certains lui ont reproché d'être trop présente, mais pendant la crise économique, il fallait un président qui tienne la route", rétorque le président du Medef Auvergne, Hugues-Arnaud Mayer.
Si de nombreuses entreprises ont jugé les préoccupations "sociétales" du Medef trop éloignées des leurs, Laurence Parisot n'a pas dérogé au credo libéral du mouvement. Elle a ainsi joué un rôle prépondérant dans la réforme de la taxe professionnelle et obtenu le report sine die de la "taxe carbone" qui devait s'appliquer aux entreprises à partir du 1er juillet 2010.
D'autres dossiers l'attendent, en plus de celui des retraites, notamment la question du partage des profits sur laquelle la négociation avec les syndicats tarde à s'engager. En février, Nicolas Sarkozy avait donné trois mois aux partenaires sociaux pour aboutir.