L'embellie constatée en France depuis le début de l'année pour la construction de logements neufs se poursuit mais cette reprise reste fragile au moment où plusieurs mesures de soutien pour le secteur du bâtiment vont disparaître ou être réduites.
Le nombre de mises en chantier de logements neufs en France a progressé de 14,6% pour la période mars-avril-mai, comparé à la même période un an auparavant, alors que le nombre de permis de construire progressait de 41,9%, a annoncé mardi le ministère de l'Ecologie.
"Ces résultats encourageants témoignent que les mesures du gouvernement portent leurs fruits. Nous devrons cependant rester attentif à ce que cette reprise s'inscrive dans la durée", a déclaré à l'AFP le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu.
Au cours des douze derniers mois (juin 2009 à mai 2010), le nombre de mises en chantier se situe toujours, avec 300.331 unités, juste au dessus du cap symbolique des 300.000, mais il est encore loin de l'objectif souhaité du gouvernement de 500.000 nouveaux logements par an.
Le nombre de permis de construire a, lui, fortement augmenté de 41,9% à 101.156 unités entre mars et mai, toujours par rapport aux mois correspondant de 2009, conséquence notamment du boom des ventes (+33%) réalisées par les promoteurs en 2009.
Mais les promoteurs s'inquiètent pour l'avenir alors que leurs ventes ont déjà commencé à s'essoufler, ne progressant plus que de 5,3% au premier trimestre 2010 par rapport au trimestre correspondant de 2009.
Le "Pass Foncier", un système permettant aux ménages modestes d'acquérir le terrain après le logement construit dessus qui doit se terminer à la fin de l'année, "se trouve aujourd'hui remis en cause", dénonce dans un communiqué l'Union des maisons françaises (UMF) qui regroupe la majorité des constructeurs de maisons individuelles.
La volonté du gouvernement de diminuer dès début juillet de 20.000 euros les plafonds des "montants alloués au Pass-Foncier vient encore donner, après l'arrêt du doublement du PTZ (Prêt à taux zéro) au 1er juillet, un nouveau coup de canif à l'accession sociale à la propriété", regrette l'UMF.
"Ce changement de règle n'est pas sans poser de difficultés aux ménages ayant un projet en cours et qui pourront voir leur accession remise en cause, ainsi qu'aux professionnels dont l'activité peut se voir fragilisée par la perte sèche d'opérations pour lesquelles ils avaient déjà beaucoup investi", déplore le syndicat présidé par Christian Louis-Victor.
Autre motif d'inquiétude : la chute des mises en chantier des logements collectifs en mai. "Alors que ce secteur est encore en progression de 9,4% sur les trois derniers mois, il est en baisse de 19,1% pour le seul mois de mai, reflet notamment des problèmes du logement locatif social", souligne pour l'AFP Michel Mouillart, professeur d'économie à Paris X-Nanterre.
Ces nuages noirs qui se profilent amènent le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) Didier Ridoret à prévoir pour 2010 un nouveau recul de 3,1% du chiffre d'affaires de la profession après déjà une chute de 7,8% en 2009.
En espérant que le gouvernement maintienne le taux de TVA pour les travaux de rénovation-entretien, la moitié du chiffre d'affaires de la profession, à 5,5%, une mesure qui coûte environ 5 milliards d'euros par an de moins-value fiscale à l'Etat.