par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Nexans reste confiant pour ses perspectives à long terme malgré le trou d'air de l'été qui l'a conduit mercredi à lancer un avertissement pour 2014, et le fabricant français de câbles étudiera d'ici 18 mois de possibles cessions d'actifs, a déclaré à Reuters son nouveau directeur général.
Arnaud Poupart-Lafarge, 48 ans, a pris officiellement ses fonctions mercredi. Directeur général délégué depuis juillet 2013, il a été promu lorsque la fonction du PDG Frédéric Vincent a été scindée en mai pour mettre fin à une fronde d'actionnaires emmenée par le fonds Amber Capital, mécontent de voir le groupe sous-performer son grand concurrent italien Prysmian.
"On est sur des fondamentaux long terme qui restent très porteurs, avec des secteurs stratégiques (...) qui reposent à la fois sur la gestion et le renouvellement des énergies et le développement de l'urbanisation. On maintient cette vision et ces axes de croissance pour l'avenir", a dit Arnaud Poupart-Lafarge lors d'une interview téléphonique.
A plus court terme, cet ancien d'ArcelorMittal s'est fixé pour priorité de redresser la rentabilité et la compétitivité de Nexans.
"On s'est donné comme objectif que sous 18 mois, toutes les unités du groupe doivent contribuer positivement", a-t-il dit. "Pour celles qui ne contribuent pas positivement, on aura soit un plan de retournement en interne, soit d'ici là nous aurons pris la décision de nous en séparer."
L'ACTIVITÉ EN EUROPE S'EST ESSOUFFLÉE CET ÉTÉ
Nexans a annoncé qu'il prévoyait désormais pour l'année en cours une marge opérationnelle "au même niveau" que celle de 2013, soit autour de 140 millions d'euros alors qu'il attendait auparavant une progression de cet indicateur.
A la suite d'un essoufflement du marché européen cet été, et faute de reprise franche aux Etats-Unis, le groupe prévoit également une croissance organique nulle en 2014, après une progression de 3,2% au premier semestre.
Après ces annonces, l'action Nexans s'inscrit comme la plus forte baisse de l'indice SBF 120 à Paris (-8,7% à 27 euros en fin de matinée). La société de Bourse Gilbert Dupont a ramené sa recommandation sur la valeur à "alléger" et son objectif de cours à 30 euros (contre "accumuler" et 35 euros auparavant).
Fidèle à sa réputation d'homme de terrain, Arnaud Poupart-Lafarge a mis en place une équipe de direction resserrée pour que le groupe prenne ses décisions plus rapidement. Dans le cadre de l'internationalisation de Nexans, il a également nommé l'allemand Dirk Steinbrick directeur général de l'activité haute tension, premier membre de l'équipe de direction à ne pas être français.
Fort du soutien de deux des principaux actionnaires de Nexans, le chilien Invexans et l'Etat français via bpifrance, le nouveau directeur général a indiqué que les restructurations engagées en Europe et en Australie avançaient conformément au plan de marche.
"Je suis incapable aujourd'hui de vous donner une 'guidance' sur 2015", a-t-il ajouté. "La conjoncture sera ce qu'elle sera. Mais ce qui est certain, c'est que Nexans va avoir de façon beaucoup plus importante les bénéfices financiers du plan stratégique."
Le fabricant de câbles a tenté en vain en 2010 de racheter le néerlandais Draka, tombé dans l'escarcelle de Prysmian qui a du coup détrôné Nexans de son rang de numéro un mondial du secteur. Sur un marché qui reste très fragmenté, Arnaud Poupart-Lafarge n'exclut pas des opérations de croissance externe, à condition que s'agrandir ne soit pas une fin en soi.
"Nous n'avons pas aujourd'hui d'agenda d'acquisitions majeures", a-t-il expliqué. "Et nulle part une stratégie de volume ou de taille, à savoir qui est le plus gros et qui veut redevenir le plus gros en volume. Dans la conjoncture actuelle, nous sommes dans une stratégie qualitative de performance et de rentabilité."
(Avec Matthieu Protard, édité par Dominique Rodriguez)