La star des banque d'affaires Goldman Sachs a vu son bénéfice s'effondrer au deuxième trimestre, plombé par une amende record payée au gendarme américain de la Bourse (SEC), la taxe sur les bonus bancaires au Royaume-Uni et le marasme des marchés financiers.
"Le contexte est devenu plus difficile au deuxième trimestre et, en conséquence, l'activité des clients a diminué dans l'ensemble de nos activités", a déploré le PDG Lloyd Blankfein, dans un communiqué.
Le bénéfice part du groupe a chuté de 83% sur un an à 453 millions de dollars.
Toutefois, en excluant l'amende de 550 millions de dollars payée pour mettre fin aux poursuites de la SEC et une charge de 600 millions de dollars liée à la taxe sur les bonus de la City, le bénéfice par action (BPA) atteint 2,75 dollars, mieux qu'attendu par les analystes (2,04 dollars).
Le chiffre d'affaires de la banque a reculé de 36% à 8,841 milliards de dollars.
Lors d'une conférence téléphonique, le directeur financier David Viniar a attribué ce repli aux "inquiétudes à propos de la croissance mondiale", notamment au regard de la crise de la dette en Europe qui a entraîné une tempête sur les marchés financiers et une débâcle boursière.
Les incertitudes au sujet de la régulation financière, alors que les Etats-Unis sont en train d'adopter une vaste réforme, ont également alimenté la frilosité des investisseurs.
M. Viniar, sans donner de prévisions chiffrées pour le trimestre en cours, a fait valoir que l'activité financière restait "assez faible", même si "cela peut changer d'un seul coup".
Il a affirmé que les clients de Goldman lui étaient restés pour la plupart fidèles, malgré la tempête médiatique et politique déclenchée par la plainte de la SEC.
Le 16 avril, la Commission des opérations de Bourse américaine avait porté plainte contre Goldman Sachs et l'un de ses employés, le Français Fabrice Tourre, les accusant d'avoir trompé des clients en leur vendant des produits financiers complexes adossés à des dérivés de crédits immobiliers américains.
La banque et l'agence gouvernementale ont annoncé leur accord à l'amiable jeudi dernier. La plainte contre Fabrice Tourre est toujours en cours.
Le banquier français "est toujours un employé de la banque", il est en "congé payé" et il organise sa défense indépendamment de Goldman, s'est contenté de commenter M. Viniar.
Il est par ailleurs resté évasif sur l'impact de la loi sur la réglementation financière, qui doit être promulguée mercredi par le président Barack Obama.
"Nous sommes en train de l'analyser, nous ne savons pas encore quels changements elle entraînera pour nos activités, mais nous avons confiance dans le fait que nous saurons nous adapter comme par le passé à un nouvel environnement", a-t-il dit.
Les activités de courtage et d'investissement en propre de la banque, qui représentent la part du lion de ses activités avec 60% de ses revenus, ont baissé de 43% sur un an à 5,292 milliards de dollars.
Les activités de banque d'investissement (fusions et acquisitions, introductions en Bourse...) ont elles aussi fortement reculé pendant les trois derniers mois (-36%) à 917 millions de dollars.
Le produit net des intérêts a pour sa part baissé de 21% à 1,619 milliard de dollars.
La gestion d'actifs et les services liés au titres financiers ont mieux tenu le cap, avec une légère progression de 6% à 1,013 milliard de dollars.
La firme a consacré 3,80 milliards de dollars au deuxième trimestre à la rémunération de ses employés, soit 43% de son chiffre d'affaires. Cela représente une baisse de 43% comparé au deuxième trimestre 2009.
Avant la plainte de la SEC, Goldman Sachs faisait polémique à cause du niveau considéré comme excessif des bonus octroyés à ses salariés.