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Nouveau coup dur pour l'EPR qui aura deux ans de retard à Flamanville

Publié le 30/07/2010 08:15

EDF a officialisé vendredi le report de deux ans du démarrage de l'EPR de Flamanville et revu à la hausse son coût, un nouveau contretemps pour ce réacteur nucléaire de troisième génération qui pourrait ébranler sa crédibilité vis-à-vis de potentiels clients étrangers.

Déjà évoquée par la presse et les syndicats, la nouvelle a été confirmée par l'électricien lors de la présentation de ses résultats semestriels: l'objectif de "première production commercialisable" de l'EPR normand est désormais fixé à 2014, et le coût total du réacteur est estimé à 5 milliards d'euros, contre 3,3 initialement.

Quelques mois après qu'un consortium français a échoué à le vendre à Abou Dhabi dans le cadre d'un gigantesque appel d'offres, c'est un nouveau coup dur pour le réacteur dont les deux premiers chantiers, menés par EDF à Flamanville (Manche) et par Areva à Olkiluoto en Finlande, accumulent retards et surcoûts.

L'annonce d'EDF survient surtout quelques jours après la publication du rapport de François Roussely sur la filière nucléaire française, rédigé à la demande de l'Elysée.

L'ex-PDG d'EDF y milite pour "un plan d’actions prioritaires" afin d'achever le chantier de Flamanville "dans les meilleures conditions de coût et de délais".

Il estime en outre que "la crédibilité (...) du modèle EPR et la capacité de l’industrie nucléaire française à réussir de nouvelles constructions de centrales ont été sérieusement ébranlées" par les difficultés en Finlande et à Flamanville.

L'échec d'Abou Dhabi avait déjà suscité des questions sur l'EPR, au coeur de la stratégie d'exportation du nucléaire français. Notamment sur son coût élevé, justifié par son concepteur Areva par des critères de sûreté très élevés, ou sur sa puissance (1.650 mégawatts), trop importante pour le réseau électrique de certains clients potentiels.

L'Elysée pousse désormais à l'élargissement de la gamme proposée autour de réacteurs de moindre puissance.

Pourtant, EDF ne donne officiellement pas de signe d'inquiétude. L'EPR de Flamanville "est une tête de série. Les têtes de série coûtent plus cher que les suivantes", a rappelé le directeur financier du groupe, Thomas Piquemal, vendredi.

"C'est ce qu'on appelle le retour d'expérience", a-t-il ajouté.

L'électricien note d'ailleurs "d'ores et déjà un retour d'expérience positif sur le chantier de Taishan en Chine, qui (lui) permet notamment de raccourcir les délais". Le groupe estime à "environ 14 mois" ce qui peut être gagné sur ce chantier chinois, où il construit deux EPR.

De fait, EDF à Flamanville et Areva à Olkiluoto avaient initialement fixé des délais de construction, et donc des coûts, exagérément optimistes.

FO Energie et Mines a d'ailleurs regretté vendredi l'annonce de "retards néfastes pour l'image de marque des entreprises alors que les délais réels ne sont en rien choquants pour des prototypes", fustigeant la "surenchère et la compétition" entre EDF et Areva.

Le chantier de l'EPR d'Olkiluoto en Finlande mené par Areva accuse, lui, quatre ans de retard pour un coût total de 5,7 milliards d'euros.

La journée de vendredi a été marquée par une autre mauvaise nouvelle pour EDF qui a annoncé un bénéfice semestriel de 1,66 milliard d'euros, en baisse de 46,9%, en raison d'une provision pour couvrir les risques de perte de valeur de ses actifs aux Etats-Unis.

L'électricien a eu toutefois un motif de satisfaction: l'annonce d'une offre de 6,9 milliards d'euros du groupe Cheung Kong à Hong Kong pour le rachat de ses réseaux de distribution d’électricité au Royaume-Uni.

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