Les producteurs français menaient encore mardi des manifestations ponctuelles, à la veille d'une réunion des syndicats majoritaires pour définir une stratégie face aux industriels qui renâclent à relever les tarifs alors que les négociations sur le prix du lait ont échoué.
Des actions ont eu lieu dans plusieurs départements où des responsables des FDSEA ont tenté de sensibiliser les directeurs de grandes surfaces et les consommateurs au fait que les grandes laiteries, comme Lactalis, Bongrain ou encore Bel ne payaient pas suffisamment les éleveurs. Ils ont demandé le boycott de leurs produits.
Ces opérations se sont tenues dans des supermarchés à Limoges, Dijon ou encore à Saint-Herblain, près de Nantes, à Condé-sur-Sarthe (Orne) et à Arçonnay (Sarthe).
Une mobilisation similaire doit avoir lieu à Laval mardi soir ainsi que mercredi dans des supermarchés de Grenoble et de Bourgoin-Jallieu (Isère).
Le même jour se tiendra à Paris une réunion du syndicalisme majoritaire au cours de laquelle des représentants des Jeunes Agriculteurs (JA), à l'origine de cette rencontre, de la FNSEA et de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL) doivent décider de la position à adopter face aux laiteries.
Celles-ci refusent d'octroyer 31,1 euros de plus par tonne de lait comme le demandent les producteurs qui mettent en avant la reprise des cours mondiaux.
Les entreprises ont décidé de prix bien inférieurs. Certaines proposant même 13,80 euros supplémentaires pour 1.000 litres.
Normalement ces prix sont fixés en fonction d'indices élaborés par l'interprofession qui réunit les trois grandes familles du secteur (producteurs, industries et coopératives). Mais cette fois encore, celles-ci n'ont pas réussi à s'entendre.
Du côté du ministère de l'Agriculture, on souligne que le ministre, Bruno Le Maire, "suit de très près le dossier", tout en rappelant la nécessité d'"un revenu décent pour les producteurs surtout quand les cours remontent".
"Chacun doit tenir son rôle: l'interprofession doit jouer le jeu et les industriels aussi", martèle-t-on dans son entourage.
On souligne par ailleurs que les pouvoirs publics, au vu de la nouvelle loi sur la modernisation de l'agriculture et de la pêche votée en juillet, ont désormais la possibilité d'imposer des contrats lorsque l'interprofession fait défaut.
"Les producteurs doivent montrer qu'ils ne sont pas satisfaits de cette situation (...) qu'ils ne sont pas prêts à accepter cette imposition des prix de la part des industriels", a déclaré Gilles Psalmon, directeur de la FNPL qui sera présent à la rencontre.
Le responsable ne donne pas plus de détails sur les actions envisagées mais reconnaît que le mois d'août est "une période compliquée" pour susciter une importante mobilisation, les agriculteurs étant souvent très occupés dans leurs exploitations en raison de la moisson, notamment.
Pour Rachël Guiquerro, chargée du dossier du lait aux JA et qui sera l'un des représentants de son syndicat à la réunion, "il faut que l'on soit tous ensemble" face aux industriels.
"Nous avons déjà livré un mois de lait en juillet, et l'on ne sait toujours pas à combien on sera payé", a ajouté cette productrice qui découvrira sa paye le 20 août.
Elle écarte toute idée de grève du lait: "cela ne sert à rien, il ne faut pas enmener les gens au casse-pipe".
L'Association des producteurs indépendants (Apli), qui fait de l'ombre au syndicat majoritaire, avait initié une grève du lait à l'automne 2009. A l'occasion de cette nouvelle crise, elle met au défi la FNSEA de lancer une telle initiative.