Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a endossé le costume de VRP des entreprises françaises et de promoteur d'une France demandeuse d'investissements étrangers, en Malaisie lundi, tout comme en Corée du Sud jeudi dernier, afin de consolider les liens de la France avec les pays de l'Asie du Sud-Est, foyers de croissance.
"Nous ouvrons un nouveau chapitre de nos relations". C'est en des termes identiques que le Premier ministre français et son homologue malaisien Najib Razak ont décrit l'état des relations entre les deux pays, lundi au cours d'une conférence de presse commune.
Jean-Marc Ayrault est le premier chef de gouvernement français à se rendre dans cette puissance émergente, cinquième partenaire de la France en Asie et deuxième au sein de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), depuis le voyage de Pierre Mauroy en 1982. Un geste qui a justifié que la rencontre soit possible alors que ce pays, musulman, est en période de ramadan. M. Ayrault était d'ailleurs convié à un dîner de rupture de jeûne, lundi soir, juste avant de repartir pour la France.
Entre les déplacements du président François Hollande (Chine, Inde, Japon, Vietnam) et les siens (Singapour, Philippines, Cambodge, Thaïlande, Corée du Sud et Malaisie), "nous aurons visité quasiment tous les pays de la région", a souligné le Premier ministre.
"C'est une stratégie délibérée de ne pas se limiter aux grandes puissances. Nous avons aussi décidé de nous rendre dans les puissances moyennes, parce qu'elles sont en pleine croissance", a-t-il expliqué, rappelant que cette démarche était identique en Amérique latine.
L'accent mis sur les PME s'inscrit dans le même cadre. "On exporte environ 430 milliards d'euros par an, les grands contrats représentent quelques dizaines de milliards, ce qui veut dire que le commerce des PME représente environ 400 milliards. La stratégie du gouvernement est d'influer sur cette masse", a fait valoir un conseiller de M. Ayrault.
"Ces années où on n'a pas agi dans cette direction sont des années perdues, et nous sommes en train de les rattraper", a affirmé M. Ayrault, pour qui "la France sous-estime parfois ses atouts" alors qu'elle est "attendue partout" et bénéficie d'une "image positive de savoir-faire, d'innovation, de culture".
Etape d'une journée, la Malaisie connaît un taux de croissance économique de 5,6% et a entamé d'ambitieux chantiers (formation, liaisons ferroviaires, nouvelles technologies) pour devenir un pays dit développé à l'horizon 2020.
"Nous avons un grand potentiel puisque nous avons la chance d'avoir en France de grands groupes mais aussi des PME, nombreuses à venir ici", s'est félicité M. Ayrault. Quelque 260 entreprises françaises sont implantées en Malaisie, très peu d'entreprises malaisiennes en revanche le sont en France.
Au cours d'un forum d'affaires, M. Ayrault a tout simplement dit à l'adresse des Malaisiens : "Venez investir en confiance ! Vous attendiez un signe, je suis venu vous le donner", a-t-il déclaré, un discours qu'il avait aussi fait en Corée du Sud quelques jours plus tôt.
La visite de Jean-Marc Ayrault semble avoir fait mouche. "Nous attendions ce moment depuis très, très longtemps !", a affirmé à quelques journalistes le ministre malaisien du Commerce international et de l'industrie, Mustapa Mohamed. "Nous nous demandions pourquoi la Malaisie n'était pas dans le radar des dirigeants français. Ca laisse présager des liens très étroits", a ajouté M. Mustapa, rappelant que sont pays est "le plus grand client en Airbus A320 et il y a beaucoup de grandes entreprises françaises en Malaisie et des PME aussi".
"Donc, c'est une visite très importante, c'est un jalon, j'espère qu'il y aura plus d'échanges à l'avenir", a-t-il conclu.