Le prix du tabac va augmenter d'environ 6% avant la fin de l'année, faisant passer le paquet à 5,60 euros en moyenne, a confirmé jeudi François Baroin, ministre du Budget, qui y voit une hausse "modérée et raisonnable" dans la ligne du plan Cancer 2 de Nicolas Sarkozy.
Le ministère du Budget, qui ne décide pas du prix mais doit homologuer les tarifs chaque trimestre, va "donner une suite favorable à la demande de hausse des prix de la part des industriels et des fournisseurs à un niveau identique à celui de l'an dernier, de l'ordre de 6%, et ce avant la fin de cette année".
Une telle hausse fera passer les paquets les moins chers de 5,10 à 5,40 euros et la marque la plus vendue de 5,30 à 5,60 euros. Les blagues de tabac à rouler devraient également augmenter d'environ 40 centimes.
Théoriquement, ces nouveaux tarifs pourraient entrer en vigueur dès le 4 octobre, date prévue du prochain changement de tarif, traditionnellement fixé au 1er lundi de chaque trimestre.
L'éventualité d'une nouvelle hausse avait été évoquée la semaine dernière par Le Figaro qui parlait d'une augmentation pour novembre, mais n'avait été confirmée ni par Bercy, ni par les fabricants.
M. Baroin, qui s'exprimait devant le congrès annuel des buralistes, a jugé cette hausse "modérée et raisonnable", et conforme au plan Cancer 2 du président de la République.
Pour les associations de lutte contre le tabagisme, les hausses de prix doivent être d'au moins 10% pour avoir un effet sur la consommation du tabac et donc la santé publique.
Devant les buralistes, le ministre s'est voulu rassurant en précisant qu'il "veillerait" à ce qu'à l'avenir les hausses de prix soient également "modérées et raisonnables", "sans à-coup susceptible de déstabiliser l'activité" des débits de tabac.
L'annonce a provoqué quelques grognements dans la salle, qui a poliment applaudi son discours. Le ministre n'a pas précisé si le plan d'aide et de soutien à la profession, mis en place après les hausses de prix et les baisses des ventes spectaculaires en 2003, et qui s'est traduit par deux Contrats d'avenir (2003/2007 et 2008/2011), serait ou non reconduit.
Au contraire, M. Baroin a souligné que le revenu moyen des buralistes avait augmenté de "5% entre 2008 et 2009".
En outre, la précédente hausse, en novembre 2009, a eu peu d'effets sur les ventes de cigarettes, faisant reculer de 0,2% le nombre de paquets vendus entre janvier et août 2010 par rapport à 2009. Mais en valeur, le marché du tabac a augmenté de plus de 5% en raison de la hausse des prix, au bénéfice de l'Etat (les taxes représentent 80% du prix d'un paquet), des buralistes (qui touchent 8% sur chaque paquet vendu) et des industriels.
"Toute augmentation des prix nous fait craindre un recours accru au marché parallèle", a rappelé Pascal Montredon, président de la confédération des buralistes, qui estime que "18 à 20%" des cigarettes fumées en France sont achetées à l'étranger, sur internet ou à la sauvette.
Il a souhaité que l'Etat accentue sa lutte contre ce marché parallèle, mais M. Baroin a assuré que ses services "ne relâchaient pas leur engagement" en la matière.
Il n'a pas exclu la mise en place d'un paquet générique sans logo ni marque, objet d'une proposition de loi du député UMP Yves Bur.
Mais il ne veut pas qu'une décision soit "prise de manière précipitée" et rappelle que la mise en place d'un tel paquet unique "risquerait de ruiner tous les efforts en matière de lutte contre la contrefaçon et la contrebande".