La Bourse de New York a terminé en net repli mardi, les investisseurs craignant que le référendum voulu par le Premier ministre grec n'entraîne la faillite d'Athènes et ne plonge le système financier dans une inconnue dangereuse: le Dow Jones a perdu 2,48%, le Nasdaq 2,89%.
Selon les chiffres définitifs à la clôture, le Dow Jones Industrial Average a abandonné 297,05 points à 11.657,96 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 77,45 points à 2.606,96 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a perdu 2,79% (35,02 points) pour s'établir à 1.218,28 points.
Lundi soir, le premier ministre grec Georges Papandréou a annoncé l'organisation d'une consultation référendaire sur l'accord obtenu jeudi matin entre les pays de la zone euro, qui prévoit un plan de désendettement pour Athènes. Le référendum devrait intervenir "vers janvier", selon une source gouvernementale.
D'ici le vote, "la Grèce ne va pas recevoir l'aide dont elle a besoin pour satisfaire ses obligations de paiement de la dette: ça s'appelle faire défaut", a affirmé Hugh Johnson, PDG du cabinet de gestion d'actifs Hugh Johnson Advisor.
"Les marchés ont très vite fait la relation: référendum dit risque de refus du plan de rigueur, dit défaut de la Grèce", a résumé Gregori Volokhine, stratège financier chez Meeschaert Capital Market.
"Autant on avait pu assez bien isoler l'effet (de l'annulation de 50% des créances détenues par le secteur privé), autant un défaut avec ses conséquences sur les CDS (contrats d'assurance contre le défaut de remboursement) est difficilement quantifiable", a-t-il noté pour expliquer la crainte d'une contagion.
La chute de Wall Street a marqué une pause en milieu de séance, les investisseurs voulant croire que "la tenue même de ce référendum était hautement improbable", ont relevé les analystes de Briefing.com.
Pour certains observateurs, la constitution grecque ne permet pas la tenue d'une consultation populaire pour un sujet d'ordre budgétaire. D'autres soulignaient l'éventualité que M. Papandréou soit renversé vendredi lors du vote de confiance de vendredi, rendant caduque son initiative.
"Si on annonce que le référendum est abandonné, les marchés vont retrouver leur niveau d'hier", a souligné M. Volokhine.
En première ligne, les valeurs bancaires ont plongé: Morgan Stanley a abandonné 7,99% à 16,23 dollars, Citigroup 7,66% à 29,17 dollars, Bank of America 6,30% à 6,40 dollars, JPMorgan Chase 5,90% à 32,71 dollars et Goldman Sachs 5,49% à 103,54 dollars.
En outre, de nouvelles statistiques sont venues rappeler que l'économie mondiale était toujours chancelante.
Aux Etats-Unis, l'activité manufacturière a décéléré en octobre, selon l'indice ISM, qui a enregistré un recul inattendu. En Chine, un indice officiel a souligné que l'expansion de l'activité manufacturière y a aussi ralenti le même mois en raison d'un fléchissement brutal des commandes reçues par les entreprises exportatrices.
Les secteurs des matières premières et de l'énergie en ont pâti. Le géant de l'aluminium Alcoa a cédé 3,35% à 10,40 dollars, le premier constructeur mondial d'engins de chantier Caterpillar 3% à 91,63 dollars et le pétrolier Chevron 2,83% à 102,08 dollars.
Le géant américain de l'automobile General Motors a enregistré une hausse de ses ventes de 2% sur un an en octobre. Son titre a toutefois perdu 9,75% à 23,33 dollars.
La saison des résultats, qui touche à sa fin, a continué toutefois à être relativement bonne.
Rare titre du Dow Jones à finir dans le vert, le numéro un mondial de la pharmacie Pfizer a grignoté 0,36% à 19,33 dollars. Le groupe a triplé son bénéfice net au troisième trimestre, au-dessus des attentes du marché.
Le marché obligataire a fini en hausse, signe du regain d'inquiétude des investisseurs. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a reculé à 2,001% contre 2,175% lundi soir, et celui à 30 ans à 3,012% contre 3,199% la veille.