BKC, le repreneur d'Heuliez, a assuré jeudi avoir apporté au constructeur automobile en difficulté l'argent qu'il lui avait promis, mais doit encore en apporter la preuve, a exigé le ministre de l'Industrie Christian Estrosi.
M. Estrosi "a été informé aujourd'hui par M. (Louis) Petiet, président de BKC, que l'apport en fonds propres de 16 millions d'euros au capital d'Heuliez Véhicules électriques avait été effectué par un ordre de virement passé dans les délais auxquels il s'était engagé", selon un communiqué du ministre.
"M. Petiet n'est cependant pas en mesure, à ce jour, d'apporter la preuve de cette opération", note le ministre.
"Tous les engagements signés jeudi dernier ont été tenus et pris", a assuré M. Petiet jeudi soir. La somme "liée à la vente de 10% de parts (d'Heuliez) à un partenaire a été redescendue dans la filiale" Véhicules électriques, a précisé le repreneur, interrogé par France 3 Poitou-Charentes, en duplex de Paris.
M. Petiet n'a cependant pas voulu donner le nom du partenaire: "C'est un groupe français coté en Bourse et avec lequel nous avons l'habitude de travailler".
Selon le site Capital.fr, il s'agirait d'Initiatives et Développement (ID), un groupe spécialisé dans la communication sur internet et la création de sites de e-commerce, coté sur Alternext à Paris.
M. Petiet s'était engagé la semaine dernière à apporter ces 16 millions d'euros à Heuliez au plus tard ce jeudi. La région Poitou-Charentes, où est implanté le constructeur, a promis pour sa part 5 millions d'euros et le Fonds stratégique d'investissement (FSI) doit apporter 10 millions. L'apport de l'argent du FSI était toutefois conditionné au versement de l'argent promis par BKC.
M. Estrosi a demandé au FSI de procéder au versement des 10 millions "mais sur un compte placé sous séquestre qui sera débloqué dès que le président de BKC aura apporté la preuve de l'apport en fonds propres qu'il indique avoir effectué".
"L'argent a été viré sur un compte sous séquestre à Niort", a confirmé un porte-parole du FSI à l'AFP. "On attend la confirmation que BKC a apporté l’argent", a-t-il ajouté.
"Le FSI et l'Etat seront les bienvenus. Nous sommes ravis qu'ils participent mais il faut qu'ils viennent de bon coeur. Ils ont posé un certain nombre de conditions, j'ai dit que j'étais d'accord", a dit M. Petiet.
La libération des fonds du FSI ne se fera qu’après l’apport des fonds, mais aussi la signature d’un pacte d’actionnaire et un accord sur la valorisation des apports en industrie.
"Si le ministre change de discours, c'est que des choses ont été validées. C'est donc en bonne voie et on s'en réjouit", a réagi Emile Bregeon, délégué CFDT.
M. Estrosi, qui avait invité les parties prenantes a une réunion ce jeudi si les fonds promis par BKC n'étaient pas versés, a décidé de la reporter "en début de semaine prochaine si, à cette date, M. Petiet n'a toujours pas été en mesure de faire les preuves utiles".
BKC a dit vouloir préserver 620 salariés sur les 1.000 que compte l'entreprise. Sur les 380 licenciements, il y a 206 départs volontaires ou "forcés", selon la CFDT.