Boeing s'attend à ce que les compagnies aériennes préfèrent de plus en plus à l'avenir louer leurs avions que les acheter, dans ses prévisions annuelles sur le financement d'avions présentées mardi.
Mais le financement ne manquera pas pour les livraisons d'avions commerciaux qui, en 2013, dépasseront pour la première fois les 100 milliards de dollars, tous constructeurs confondus, assure Boeing.
En 2011, 36,5% des avions opérant dans le monde étaient loués, en 2020, les locations représenteront la moitié de la flotte mondiale, selon ces prévisions présentées par téléconférence depuis Londres.
Lors du salon aéronautique de Farnborough (Grande-Bretagne) en juillet dernier, les sociétés de leasing (location-vente) d'avions s'étaient fait remarquer en arrachant la plupart des commandes.
Kostya Zolotusky, de Boeing capital, la filiale du constructeur qui finance les avions, a expliqué cette tendance par les changements dans les réglementations mondiales.
D'une part, le durcissement au 1er janvier des conditions de prêt des agences de crédit à l'exportation, comme l'Eximbank américaine ou la Coface française, "va les rendre plus chers", a-t-il dit.
D'autre part, en raison des règles plus strictes qui leur sont imposées, "les banques seront plus réticentes à prêter aux compagnies de second rang, qui sont la majorité des compagnies dans le monde". En conséquence, selon lui, "ces compagnies devront louer plutôt qu'acheter".
En 2012, la valeur réelle de tous les avions livrés par Boeing, Airbus, Embraer et Bombardier devrait atteindre 95 milliards de dollars, elle passera à 104 milliards en 2013.
Malgré leurs difficultés, réglementaires ou conjoncturelles, les banques continueront à financer la majorité de ces livraisons, bien que les compagnies et les sociétés de leasing aient aussi de plus en plus recours aux marchés de capitaux, moins coûteux en moyenne.
Les banques japonaises, australiennes, chinoises et moyen-orientales joueront un rôle accru sur le marché, alors que les banques européennes ont dû limiter leur activité. Pour Boeing, cependant, les européennes resteront sur le secteur de l'aéronautique, "un des plus attirants et des plus rémunérateurs pour les banques d'investissement".
En 2011, les établissements allemands avaient arrangé 32% des crédits bancaires, les banques françaises 26%. Leur part a été ramenée à 21% et 20% respectivement en 2012, selon les chiffres de Boeing. Les banques japonaises en revanche ont conservé leur part de 26% d'une année sur l'autre.