Le gouvernement britannique présente mercredi un budget 2011/2012 qui tiendra le cap de la rigueur, persuadé qu'il s'agit de la seule voie possible malgré les inquiétants signes de faiblesse de l'économie et la grogne de l'opinion face à l'ampleur des sacrifices.
Le ministre des Finances George Osborne a promis qu'il annoncerait au Parlement "un budget pour la croissance" au moment où celle-ci vacille.
Mais il a aussi prévenu qu'il n'y aurait "pas de demi-tour" sur la stratégie visant à réduire à marche forcée le déficit public (proche de 10% en 2010), ce qui limite considérablement sa marge de manoeuvre.
Dans ce contexte, le déclenchement du conflit en Libye, avec le Royaume-Uni en première ligne des pays occidentaux, constitue sans doute un nouveau motif d'inquiétude pour M. Osborne, car un enlisement pèserait rapidement sur des finances publiques déjà exangues.
Les nouvelles annonces budgétaires devraient se concentrer sur la lutte contre l'évasion fiscale ou le chômage des jeunes qui vient d'atteindre un pic historique à plus de 20%. Une relance des zones franches pour les entreprises, héritées de l'ère Thatcher, est également prévue. Autant de mesures d'ampleur financière limitée.
De fait, la politique économique de la coalition conservatrice/libérale démocrate a été largement déterminée pour les quatre ans à venir par le plan de rigueur sans précédent décidé dès son arrivée au pouvoir en mai dernier.
Ce plan prévoit 81 milliards de livres de coupes budgétaires (plus de 90 milliards d'euros) et 30 milliards d'impôts supplémentaires à l'horizon 2015. Un tiers des économies a été programmé pour ce budget 2011/2012.
Mais M. Osborne et le Premier ministre David Cameron doivent prendre en compte le mécontentement de l'opinion qui s'accroît avec l'entrée en vigueur du plan de rigueur et ses premières conséquences concrètes, comme la fin d'aides aux handicapés ou la fermeture de centaines de bibliothèques municipales.
Et plus de 300.0O0 emplois devraient être perdus dans les prochaines années dans la fonction publique.
Le gouvernement pourrait donc faire un geste en direction des classes moyennes, en différant par exemple une hausse prévue des taxes sur l'essence. A l'inverse, un impôt -largement symbolique- sur les voyages en jets privés pourrait être institué.
L'opposition travailliste et les syndicats, qui dénoncent depuis plusieurs mois "un massacre de la société britannique", n'ont pas réussi jusqu'à présent à faire descendre les Britanniques dans la rue. Mais ils comptent sur une "manifestation nationale", organisée le 26 mars à Londres dans la foulée du nouveau budget, pour inverser la tendance.
Selon les derniers sondages, près de deux Britanniques sur trois estiment que les coupes budgétaires sont "injustes" et autant d'entre eux placent la situation économique en tête de leurs préoccupations.
Le pays est encore sous le choc de l'annonce d'une contraction de 0,6% de l'économie au dernier trimestre 2010. Le prochain "budget pour la croissance" devrait en conséquence commencer par prendre acte d'une sensible révision à la baisse des projections officielles pour 2011 et 2012, fixées à l'automne à 2,1% et 2,6%.
M. Osborne répète pour sa part que son plan de rigueur a sauvé le pays d'une faillite quasi-certaine, et rappelle que le déficit hérité des travaillistes reste le plus élevé des grands pays occidentaux. Il a reçu la semaine dernière un soutien appuyé de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), qui a salué une politique "difficile mais indispensable".