Sanofi-Aventis observe une prudence de Sioux sur le rachat de la firme américaine Genzyme et s'est borné à faire état mercredi de "progrès" dans les négociations en vue de cette acquisition cruciale pour le groupe français, qui s'attend à une année 2011 difficile.
"Les discussions et l'examen des comptes (de Genzyme) progressent", a laconiquement déclaré le directeur général de Sanofi, Chris Viehbacher, à l'occasion de la publication des résultats annuels du groupe.
Il a qualifié d'"irréalistes" les informations de presse évoquant le week-end dernier un accord imminent.
Il a fait valoir que Genzyme, société de biotechnologies basée dans le Massachussetts (nord-est des Etats-Unis), était présente dans 80 pays et possédait 14 usines. Dès lors, a-t-il expliqué, "l'examen des comptes ("due diligence") doit être mené avec attention".
Genzyme avait annoncé le 31 janvier avoir autorisé le groupe français, qui a lancé sur lui en octobre une OPA à 18,5 milliards de dollars, à mener une procédure de "due diligence".
L'acquisition de Genzyme représenterait pour Sanofi une belle bouffée d'air frais alors que le groupe prévoit une année 2011 difficile, en raison de la concurrence accrue des génériques, mais aussi des pressions sur les coûts engendrées par la réforme du système américain de santé et les restrictions budgétaires en Europe.
Le groupe français s'est d'ailleurs fixé pour 2011 un objectif jugé "prudent", voire "décevant" par les analystes: une baisse de 5 à 10% de son bénéfice par action (à changes constants et hors certains éléments, dont des amortissements ou des coûts de restructuration).
Cette prévision ne prend pas en compte l'éventuelle finalisation de l'acquisition de Genzyme. Mais elle évacue également la possible relance de génériques de son anticancéreux Eloxatine aux Etats-Unis, pour l'instant bloquée par une procédure en justice.
En 2010, Sanofi a enregistré des résultats dans l'ensemble conformes aux attentes et a atteint son objectif de croissance du bénéfice par action (+2,6%).
Le groupe a dégagé l'an passé un chiffre d'affaires de 30,4 milliards d'euros (+3,7% à données publiées, mais -2,7% en organique). Il évalue à 2 milliards d'euros l'impact négatif sur ses ventes des médicaments génériques concurrençant ses produits.
Le bénéfice net a quant à lui atteint 5,5 milliards d'euros, en hausse de 3,8%, malgré un dernier trimestre très difficile, marqué par une chute de 63,9% de son résultat et un chiffre d'affaires quasi stable (-0,3%).
Les trois derniers mois de 2010 ont notamment pâti de l'absence de ventes de vaccins contre la grippe H1N1, contrairement à 2009.
Pour rebondir en 2011 face aux vents contraires, Sanofi mise, outre l'acquisition espérée de Genzyme, sur ses "plateformes de croissance" (marchés émergents, diabète, vaccins, santé grand public, nouveaux produits), qui ont crû dans leur ensemble de 12,5% à changes constants en 2010 (16,4 milliards).
Les marchés émergents (+16,3% à changes constants) sont même devenus en 2010 la première zone du groupe en termes de ventes, devançant les Etats-Unis (-8,4%) et l'Europe occidentale (-8,8%).
Sanofi a également annoncé qu'il atteindrait en 2011, avec deux ans d'avance sur le calendrier, son objectif de réduction des coûts de 2 milliards d'euros par rapport à 2008.
"L'industrie pharmaceutique est clairement dans une phase de transition", a prévenu M. Viehbacher. Les pertes de brevets attendues et la concurrence accrue des génériques "ne devraient être une surprise pour personne", a-t-il ajouté, rappelant que ces phénomènes étaient connus depuis longtemps.
A ses yeux cependant, Sanofi "est une des meilleures sociétés" pour y faire face.