Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour l'économie française: après une embellie inespérée au premier trimestre, le déficit record du commerce extérieur et un nouveau recul de la production industrielle enregistrés en avril ternissent les perspectives de croissance.
La production dans l'ensemble de l'industrie qui s'était déjà affichée en baisse de 1,1% en mars, a de nouveau fléchi de 0,3% en avril, a annoncé vendredi l'Insee.
Pour la seule production de l'industrie manufacturière (hors activité minière et construction), le mois d'avril est marqué par une légère progression en volume (+0,2%) mais après un repli de 1,1% aussi en mars.
Quant au déficit commercial de la France, il a établi un record absolu en avril, franchissant pour la première fois la barre des sept milliards d'euros, selon les chiffres des Douanes publiés mercredi.
Pour Alexander Law (Xerfi), "tout porte à croire que le +haut+ du cycle conjoncturel dans l’industrie française est désormais derrière nous" même si le redressement de l’investissement productif "devrait continuer de soutenir l’activité au cours des prochains mois". Conclusion: Xerfi ne table pas "sur une accélération de la production" au second semestre, "bien au contraire".
Alexander Law pointe tout particulièrement l’automobile, "en grande difficulté" selon lui, notant que la production dans ce secteur a reculé de 2,2% en avril, après avoir déjà chuté de 4,9% en mars avec la fin de la prime à la casse. Pour lui, "les rumeurs autour d’une fermeture de deux sites de PSA à Aulnay et à Sevelnord" ne manqueront pas de relancer le débat autour de "la délicate question de la restructuration de cette filière" en France.
D'une manière générale, Marc Touati (Assya Compagnie Financière) juge que "l’économie française a déjà mangé son pain blanc et qu’elle s’apprête à vivre au moins deux trimestres très difficiles".
"Entre le creusement abyssal du déficit extérieur, la forte baisse de la consommation des ménages et le recul durable de la production industrielle, il faut se rendre à l’évidence : le PIB français (qui a progressé de 1,0% au premier trimestre, NDLR) pourrait reculer de l’ordre de 0,2 % au deuxième".
Selon lui, la croissance annuelle ne devrait pas dépasser ainsi les 2 %, soit la prévision du gouvernement, "limitant par là même la reprise de l’emploi et la baisse des déficits publics".
Pour Camille de Williencourt (Natixis) aussi, la production industrielle "morose" devrait "ralentir très sensiblement en 2011, après une hausse de 5,1% par rapport à l'année 2010".
D'un côté, "la demande intérieure devrait rester très faible au cours des prochains trimestres", de l'autre, "la résilience de l'économie allemande, en particulier de son secteur manufacturier, devrait soutenir les exportations françaises et la production industrielle", observe-t-elle cependant.
Au cours des trois derniers mois et par rapport aux trois mois précédents, la production a augmenté dans l’industrie manufacturière (+1,5%), tout comme dans l’ensemble de l’industrie (+0,3%).
Sur trois mois également mais par rapport à la même période de l’an dernier, la production est en progression de 5,3% dans l'industrie manufacturière et de 3,9% dans l'ensemble de l'industrie.