Les Bourses en Europe, valeurs bancaires en tête, dévissaient mardi, au lendemain de l'annonce surprise d'un référendum en Grèce sur le plan de sauvetage européen du pays, ravivant les craintes d'une faillite de la Grèce et d'un éclatement de la zone euro.
En fin de matinée, à 11H30 (10H30 GMT), les marchés d'actions accentuaient leurs pertes de l'ouverture et plongeaient de plus de 4% à Paris et Francfort, tandis que Milan chutait de 5%, Madrid cédait 3,78% et Londres 2,54%.
L'Asie n'a pas échappé à la morosité, la Bourse de Tokyo cédant 1,70%, Hong Kong 2,49%, tandis que Shanghai parvenait à finir à l'équilibre.
La réapparition des inquiétudes concernant les dettes publiques dans la zone euro avait également déprimé la Bourse de New York lundi soir, le Dow Jones perdant plus de 2%. "Un défaut de la Grèce à 100% n'est plus à exclure. Ce qui risque d'avoir automatiquement des répercussions sur l'assise financière des banques et va accroître leurs risques de recapitalisation", a expliqué un intervenant sur le marché qui a requis l'anonymat.
"Que va-t-il se passer si le peuple dit +Non+? Le risque est que la communauté internationale coupe l'arrivée d'argent et que le pays finisse par quitter l'euro. Il y a de quoi inquiéter sérieusement les investisseurs", a commenté à Francfort Christoph Weil, analyste de Commerzbank, alors que le référendum en Grèce est prévu pour début 2012.
"La question est de savoir comment les décisions prises lors du sommet de Bruxelles pourront être mises en place avec cette interrogation sur la décision de la population grecque", indique-t-on chez BNP-Paribas.
Ce référendum "ré-ouvre la boîte de Pandore concernant l'ampleur exacte des pertes qui devront être prises par les institutions financières", soulignent les analystes du CM-CIC.
Les banques ont déjà accepté d'effacer 50% de leurs créances sur la Grèce dans le cadre du plan anti-crise mis en place très difficilement la semaine dernière au sommet européen de Bruxelles. L'accord européen est critiqué en Grèce pour l'abandon de souveraineté qu'il implique.
Désormais tout est à nouveau sur la table, note-t-on dans les salles de marché.
"Le risque d'une faillite à la Lehman (Brothers) a encore grandi", a estimé Holger Schmieding, économiste de la banque Berenberg.
Les titres des banques européennes étaient les premiers à sombrer, notamment à Paris où les principales banques perdaient 10 à près de 15% -- en premier lieu BNP Paribas et Crédit Agricole-- et à Francfort avec des dégringolades allant jusqu'à 9% pour la Commerzbank.
La défiance sur le marché des actions a profité, à l'inverse, au marché des obligations avec une envolée du cours du Bund allemand, considéré comme la valeur refuge de référence, ont indiqué des courtiers.
L'euro continuait à perdre du terrain mardi, affaibli par ces inquiétudes.
L'annonce lundi du dépôt de bilan du courtier américain MF Global, très exposé à la dette publique des pays de la zone euro, a également alimenté les craintes des investisseurs.
En outre, la publication mardi d'un mauvais indicateur économique chinois est venu aggraver la situation. L'expansion de l'activité manufacturière dans le pays s'est en effet ralentie au mois d'octobre, en raison d'un fléchissement brutal des commandes reçues par les exportateurs.
Ces craintes autour du référendum en Grèce pèseront lourd au G20 qui doit se tenir à Cannes, en France (sud-est), jeudi et vendredi.
Les Européens comptaient arriver avec le sentiment du devoir accompli, après avoir conclu in extremis la semaine dernière un accord qui crée aussi une sorte de fonds monétaire européen censé empêcher que la crise des dettes publiques n'emporte l'Italie, puis le reste de l'Union monétaire.
Le président français Nicolas Sarkozy doit téléphoner mardi à la mi-journée à la chancelière allemande Angela Merkel pour évoquer avec elle la décision grecque.