Privée du soutien des publications d'entreprises, la Bourse de Paris devrait s'en remettre aux statistiques économiques la semaine prochaine, en attendant des avancées décisives sur la Grèce, talon d'Achille des marchés européens.
L'indice CAC 40 a connu une semaine en demi-teinte avec des résultats d'entreprises enthousiasmants comme ceux de Dell aux Etats-Unis, des introductions en Bourse stimulantes (le géant des matières premières Glencore et le réseau social LinkedIn) mais aussi des statistiques plus que mitigés.
Résultat: il a terminé vendredi en baisse de 0,70% à 3.990,85 points et a enregistré sa troisième semaine consécutive de repli.
Pour David Kalfon, directeur des investissements chez EFG AM France, la nervosité du marché depuis le début du mois est "un peu inquiétante" et traduit "les craintes de tassement de l'économie mondiale".
Le secteur immobilier américain est en effet toujours en panne comme l'ont prouvé plusieurs indicateurs cette semaine, le Japon est tombé en récession après le séisme et la catastrophe de Fukushima de mars et le devenir de la Grèce, dont la note à long terme a une nouvelle fois été dégradée vendredi, n'en finit plus de diviser les Européens.
Certaines personnalités européennes se sont prononcées en faveur d'une restructuration "douce" de la dette grecque (soit un rééchelonnement de la dette), alors que la Banque centrale européenne et plusieurs pays s'opposent farouchement à cette option qui devraient mener, selon eux, à "la catastrophe".
"Les marchés sont ballottés entre ces deux sons de cloche. Or, le fait de ne pas se mettre d'accord entretient l'incertitude et pèse par ricochets sur le secteur bancaire qui est très important au sein du CAC 40", indique Fabrice Cousté de CMC Markets France. Pour le gérant, seule la résolution de cette crise permettra au marché de briser "le plafond de verre des 4.200 points".
Si des avancées pourraient survenir lors des prochains sommets européens, elles ne devraient pas voir le jour avant le mois de juin et la cacophonie risque de perdurer en attendant.
A ces inquiétudes, s'ajoutent les incertitudes autour du Fonds Monétaire International (FMI) après la démission du français Dominique Strauss-Kahn, inculpé dans une affaire de moeurs aux Etats-Unis.
"Lors des négociations sur le sauvetage des pays périphériques, le FMI a joué un rôle majeur pour assurer l’unité des participants et mettre en place des mesures exceptionnelles (...). Garder le contrôle de la présidence du FMI n’a jamais été aussi important pour l’Europe", notaient François Duhen et Benoît Rodriguez du CM-CIC Securities, alors que les pays émergents tentent d'imposer un de leurs représentants.
Pendant que chacun pousse ses pions, les investisseurs n'auront que des indicateurs à se mettre sous la dent dans les prochains jours, notamment la deuxième estimation de la croissance américaine jeudi qui devrait être légèrement révisée à la hausse. L'Europe ne sera pas en reste avec de nombreuses statistiques d'activité et de confiance telles que l'Ifo allemand mardi et l'indice de confiance économique en zone euro vendredi.
Mais compte tenu de la fébrilité du marché, la sanction pourra être sévère si ces chiffres ne sont pas à la hauteur des attentes, prévient M. Kalfon.