La Bourse de Paris a vécu mardi une nouvelle journée noire, perdant 5,38%, ébranlée par l'annonce du référendum grec qui a relancé les spéculations sur l'éclatement de la zone euro et une prochaine faillite de la Grèce, et fait chuter les valeurs bancaires.
Avec l'annonce surprise du référendum grec sur le plan de sauvetage européen, Athènes a balayé d'un seul coup toutes les avancées difficilement conclues lors du Sommet de Bruxelles la semaine dernière, soulignait-on dans les salles de marché.
La sanction sur le marché parisien a été violente: le CAC 40, déjà fragilisé par un recul de 3,16% lundi, a perdu 174,51 points, soit sa deuxième plus forte baisse de l'année pour s'inscrire à 3.068,33 points, retrouvant son niveau de début octobre.
Même revers à la Bourse de Francfort où le DAX a fléchi de 5%. La place londonienne, hors de la zone euro, a mieux résisté, perdant 2,21%, alors que l'Eurostoxx 50 pliait de 5,31%.
"L'annonce du référendum est une véritable catastrophe, un coup très dur pour les marchés", soulignait Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
Saisis par la panique, les investisseurs ont, dès l'ouverture, vendu à tour de bras leurs actions, inquiets des conséquences d'un référendum en Grèce qui remet en cause le plan anti-crise européen et peut faire éclater la zone euro.
Ils se sont rués sur les placements refuge, dont la fameuse obligation allemande, le Bund, qui a vu son cours s'envoler.
Les banques, baromètres de la confiance des marchés, ont chuté les unes après les autres sur le marché action, perdant près de 17%.
Aucune valeur du CAC 40 n'a résisté à la vague de repli. Les banques étaient bien évidemment en première ligne, mais talonnées par de nombreuses valeurs industrielles inquiètes de l'avenir de la zone euro et aussi des signes de repli d'activité dans le monde.
Les investisseurs redoutent désormais un défaut de paiement de la Grèce, ce qui placerait les banques créancières de ce pays, dont les Françaises qui y sont très exposées, dans un situation très fragile.
"Elles auront besoin d'être recapitalisées, c'est inévitable et c'est ce qui inquiète le marché et fait plonger ces valeurs", a indiqué un spécialiste du secteur.
Mais au-delà des banques, c'est l'ensemble du marché qui est affolé par la décision d'Athènes d'organiser, en janvier 2012, un référendum sur le plan de sauvetage européen.
La confiance est ébranlée, les mesures prises récemment sont anéanties et les investisseurs ont des raisons réelles de s'inquiéter de l'avenir de l'euro.
L'agence d'évaluation financière Fitch a d'ailleurs été très claire: un "non" des Grecs au référendum "augmente le risque d'un défaut forcé" de ce pays, avec de "graves conséquences financières pour la stabilité financière et la viabilité de la zone euro".
Preuve de la gravité de la situation, le président Nicolas Sarkozy a décidé d'organiser mardi une réunion interministérielle et s'est entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel. Ils ont réaffirmé leur détermination à faire appliquer le plan anti-crise qu'ils ont conclu dans la douleur à Bruxelles la semaine dernière.
Le marché parisien a dû faire face à deux autres mauvaises nouvelles dans la journée, venant de Chine et des Etats-Unis, qui ont ajouté à la déprime des investisseurs. En Chine, l'activité manufacturière a ralenti en octobre et outre-Atlantique l'activité de l'industrie manufacturière a décéléré en octobre.
Enfin, le dépôt de bilan du courtier américain MF Global, la huitième plus grande faillite aux Etats-Unis depuis plus de 30 ans et la première liée à la crise européenne, a aussi pesé sur le moral des intervenants.
Parmi les valeurs bancaires la Société Générale a été la plus chahutée, perdant 16,23% à 17,67 euros. BNP Paribas a perdu 13,06% à 28,56 euros, et Crédit Agricole -12,53 % à 4,96 euros.