Les marchés financiers ont poursuivi leur rebond jeudi, revigorés par la baisse surprise du taux directeur de la BCE et la perspective d'une annulation du référendum en Grèce, mais restaient prudents en guettant des informations en provenance du G20 à Cannes.
Après avoir ouvert en net repli, les Bourses européennes sont reparties à la hausse en milieu de journée après l'annonce d'une baisse de 0,25 point, à 1,25%, du principal taux directeur de la BCE.
Cette annonce, "pleinement justifiée", "suggère que Mario Draghi (le nouveau président de la BCE, ndlr) n'aura pas peur de prendre des décisions audacieuses", a estimé Howard Archer, du cabinet IHS Global Insight.
A la clôture, Paris a gagné 2,73%, Francfort 2,81%, Madrid 1,61%, Londres 1,12% et Milan 3,23%.
"Le marché remonte sur des rumeurs d'abandon du référendum, mais il essaie surtout de combler la perte qui a suivi l'annonce de ce projet en Grèce et de retrouver son niveau de lundi", a jugé Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque.
Wall Street, également sensible à la baisse des taux de la BCE, évoluait aussi en hausse, le Dow Jones s'adjugeant 1,44%, et le Nasdaq 1,63% vers 17H20 GMT.
Les marchés européens semblaient rassurés par le langage ferme des Européens envers la Grèce et surtout par des spéculations sur une éventuelle annulation du référendum grec, conséquence de la grave crise politique à Athènes.
"Le monde entier attend de voir si le gouvernement de Georges Papandréou va tomber, vu les défections dans son parti, et si le (prochain) gouvernement grec poursuit sur la voie du référendum", a commenté Frederic Dickson, de DA Davidson.
Dans l'après-midi, M. Papandréou s'est dit prêt à retirer son projet de référendum pour garantir le plan de sauvetage européen de la Grèce.
"Même si nous n'allons pas à un référendum, qui n'a jamais été une fin en soi (...), je salue la position du parti de l'opposition de la droite" qui s'est dit prêt à ratifier au Parlement le plan de sauvetage de la zone euro, a-t-il indiqué au conseil des ministres.
Cinq d'entre eux, dont celui des Finances, se sont dit contre le référendum, et deux députées ont annoncé qu'elles ne voteraient pas vendredi la confiance au gouvernement, qui perd ainsi sa majorité au Parlement.
Mercredi à Cannes (sud de la France), le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel avaient sommé Athènes de respecter ses engagements, sous peine de ne pas obtenir l'aide indispensable pour éviter la faillite en décembre.
En Asie, la Bourse de Tokyo était fermée en raison d'un jour férié. Hong Kong a cédé plus de 2% et Shanghai clôturé en légère hausse.
Le marché de la dette était également sous pression avec en ligne de mire l'Italie, troisième économie de la zone euro.
Plombé par une dette colossale, le pays a vu dans la matinée ses taux d'emprunt à long terme atteindre un nouveau record, à 6,402%, signe que le marché ne croit pas aux mesures anti-crise prises par le gouvernement dans l'urgence mercredi soir.
La France n'échappait pas à la pression ambiante, l'écart de taux (spread) qui mesure la prime de risque entre les taux allemands et français a atteint un record à environ 129 points de base, avant de redescendre en fin de matinée.
Dans ce climat de tension, l'Espagne a émis pour 4,49 milliards d'euros d'obligations à deux et cinq ans, à des taux en forte hausse.
Sur le marché des changes, l'euro était en très légère hausse à 1,379 dollar vers 17H00 GMT, contre 1,374 mercredi soir.