Nicolas Sarkozy s'est emparé vendredi de la question de la rémunération dans les banques en pleine controverse sur les bonus à la BNP Paribas, alors que les principaux acteurs du secteur ont profité d'une réunion à Matignon pour de nouveau clamer leur bonne foi.
Avant même le début de la rencontre convoquée par le Premier ministre - en son absence -, l'Elysée a annoncé que le chef de l'Etat réunirait le 25 août "les représentants du secteur bancaire et financier" pour "faire le point" sur le respect des engagements pris "à l'occasion de la crise financière".
Nicolas Sarkozy a demandé dans le même temps au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, "d'appliquer avec fermeté les règles en vigueur, notamment en matière de rémunération".
"La France est déterminée à faire du respect de ces règles par toutes les places financières mondiales, l'un des enjeux du G20 de Pittsburgh en septembre prochain", affirme l'Elysée, qui précise que Nicolas Sarkozy a prévu d'écrire en ce sens à la fin du mois à tous ses collègues du G20.
Révélée mercredi, la décision de BNP Paribas de provisionner environ un milliard d'euros pour une partie de ses équipes a mis le feu aux poudres alors que la banque a reçu quelque 5 milliards d'aides de l'Etat.
Interrogé à la sortie de la réunion à Matignon, le directeur général de BNP Paribas, Baudouin Prot, n'a pas souhaité commenter directement cette décision.
S'exprimant au titre de la Fédération bancaire française (FBF), dont il prendra la présidence en septembre, il a en revanche défendu les pratiques des établissements hexagonaux, affirmant que ceux-ci avaient déjà pris les mesures nécessaires pour que "rien ne soit plus comme avant la crise" en matière de rémunération variable.
"Nous avons décidé d'appliquer les règles du G20", préconisées début avril à l'issue d'un somment sur la crise financière et "il va de soi que nous sommes totalement prêts à ouvrir nos livres pour que la Banque de France exerce son contrôle", a-t-il ajouté.
Le gouverneur de la Banque de France a pour sa part donné quitus à la BNP, estimant que le fait de provisionner un milliard d'euros pour les bonus de ses équipes était "conforme aux règles" du G20.
Celles-ci préconisent notamment un renforcement du rôle du conseil d'administration dans le suivi des rémunérations variables, un lien étroit entre le risque et la rémunération ainsi que l'étalement des bonus sur plusieurs années, pour tenir compte de la durée de vie des opérations.
MM. Noyer et Prot ont par ailleurs réaffirmé la nécessité que ces règles soient également adoptées par les banques étrangères, sans quoi les établissements français auraient du mal à garder dans leurs rangs les traders les plus performants.
Dans un communiqué, le gouvernement "a pris acte" de "l'engagement formel des banques françaises à se conformer strictement" à ces règles.
Tapant une nouvelle fois du poing sur la table, il rappelle que ce respect est "une exigence absolue vis-à-vis de la collectivité nationale et de l'Etat qui a mis des moyens importants à leur disposition à l'automne dernier pour surmonter la crise financière".
Interrogé par l'AFP après la rencontre, le secrétaire national du PS à l'économie Michel Sapin a ironisé sur ce qu'il a qualifié de "réunion de l'inaction et du commentaire".
"On en est toujours au même point: des mots, des recommandations, des engagements, là où il faudrait de la régulation", a déploré le député de l'Indre.