Les autorités américaines ont annoncé lundi la saisie de 150 millions de dollars dans une procédure visant des établissements libanais accusés de blanchiment d'argent au profit du Hezbollah, en liaison avec un trafic de drogue.
"Comme nous l'avons dit l'an dernier, la Banque Libano-Canadienne a joué un rôle majeur pour faciliter le blanchiment d'argent pour des organisations contrôlées par le Hezbollah à travers le monde", a précisé l'administratrice de la Drug Enforcement administration (DEA) Michele Leonhardt en annonçant cette saisie dans un communiqué conjoint avec le procureur fédéral de Manhattan.
Les autorités américaines avaient annoncé en décembre dernier avoir porté plainte au civil contre des établissements financiers libanais accusés d'avoir aidé au blanchiment de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Hezbollah, via les Etats-Unis et l'Afrique, en lien avec un trafic de drogue.
Cette plainte visait notamment l'ancienne Banque Libano-Canadienne (BLC) et deux autres établissements basés au Liban, la compagnie de change Hassan Ayash et Ellissa Holding.
Le Hezbollah libanais avait à l'époque réfuté ces accusations, affirmant qu'elles ne visaient qu'à "salir" son image. "Les accusations relayées par l'administration américaine contre le Hezbollah concernant le financement de ses activités par des voies illégales ne sont qu'une tentative de (...) salir l'image de la résistance", avait-il alors réagi.
Selon les autorités américaines, l'argent était viré depuis le Liban jusqu'aux Etats-Unis, où il servait à acheter des voitures d'occasion qui étaient ensuite acheminées en Afrique, principalement à Cotonou, au Bénin, où elles étaient revendues sur des parkings, dont l'un appartenait à Ellissa Holding, selon le procureur de Manhattan.
Selon les autorités américaines, entre environ janvier 2007 et début 2011, au moins 329 millions de dollars ont été transférés par virement à partir de la BLC et d’autres institutions financières vers les Etats-Unis.
"Il n’y a pas d’allégations de méfaits contre la Banque Libano-Française (BLF), la Société Générale de Banque au Liban (SGBL) ni contre la banque US qui gère le compte correspondant de la BLF aux Etats-Unis", ajoutent les autorités.
L'argent retiré de la vente des voitures ainsi que d'opérations de trafic de drogue était ensuite renvoyé au Liban par un système complexe de blanchiment contrôlé par le Hezbollah, selon les autorités américaines.
La BLC a "joué un rôle majeur dans ces dispositifs de blanchiment, et fait des affaires avec un certain nombre d'entités liées au Hezbollah" affirme le communiqué.
L'argent saisi l'a été sur un compte utilisé par la Banque Libano-Française dans une banque américaine, ont précisé les autorités américaines.
Le Hezbollah, fer de lance de la résistance anti-israélienne au Liban, est classé sur la liste américaine des organisations terroristes.