Les centres commerciaux rivalisent d'imagination pour attirer les consommateurs, mais aussi les garder plus longtemps et les fidéliser: l'une des pistes est celle des activités pour à la fois amuser et éduquer leurs enfants.
Deux initiatives de ce type étaient présentées cette semaine à Cannes (Alpes-Maritimes) au Mapic, le salon international de l'implantation commerciale.
Kidzania est un concept mexicain de parc de divertissements, une ville miniature sur des milliers de mètres carrés conçue par des éducateurs, où tout est à la taille des enfants.
Ils peuvent découvrir quantité de métiers à travers des jeux de rôle (pompier, docteur, journaliste), gagner et dépenser la devise locale, le "kidzos", et même l'épargner à la banque, explique Andrew Darrow vice-président exécutif.
"Les enfants peuvent y rester cinq heures", souligne-t-il, "laissant ainsi plein de temps aux parents pour faire leurs courses", car Kidzania, dont l'entrée est payante, est implantée exclusivement à l'intérieur de centres commerciaux.
Le groupe ambitionne de devenir leader dans le secteur du divertissement éducatif. Il a déjà deux implantations au Mexique, deux au Japon, est présent à Lisbonne, à Dubaï, en Corée du Sud, va ouvrir entre autres au Chili, en Inde... Mais pas encore aux Etats-Unis, pour ne pas être perçu comme un groupe américain.
La Cité des enfants, émanation du musée de La Cité des sciences et de l'industrie à Paris, propose elle sa compétence de 20 ans aux centres commerciaux, où elle s'est déjà souvent déplacée pour des expositions temporaires. Elle va ouvrir bientôt à Dubaï, apportant son expertise, sans être opérateur.
"Les centres commerciaux ne veulent plus être juste un centre d'achat, mais un lieu de vie, garder les visiteurs plus longtemps, donc s'équiper de lieux de loisirs", analyse Marie-Sophie Mugica, chef du département action internationale à la Cité des sciences et de l'industrie.
"Ils se sont beaucoup centrés sur le jeu, le sport. Maintenant ils veulent essayer de donner des espaces de jeu intelligents avec une petite note éducative".
"Nous éveillons les enfants aux sciences et aux techniques", ce qu'apprécient en général les autorités locales, souligne-t-elle.
Si, à Paris, La Cité de enfants s'articule autour de deux espaces par tranches d'âge et requiert la présence des parents pour une "co-éducation" - "on ne fait pas halte-garderie"-, à l'étranger, le concept est modulable. A Dubaï, les parents auront le choix de rester ou pas.
"Les enfants ne voient que le jeu, mais derrière on déroule un objectif pédagogique", indique-t-elle. Comme dans le chantier de cette maison de briques en mousse, où tout est conçu pour que les gamins travaillent en équipe: il faut être deux pour actionner la grue, pour déplacer un chariot...
Pour Martyn Chase, responsable de la recherche dans la société de conseils en immobilier DTZ, ce sont de bons concepts, mais pas la solution miracle, car leur capacité d'accueil est faible comparée à la fréquentation d'un centre commercial. Par ailleurs "les gens sont très prudents quand il s'agit de laisser leurs enfants".
D'autres centres vont plus loin, incitant les consommateurs à s'y installer. Comme Cairo Festival City, qui à 30 minutes du Caire, sera "une ville dans la ville" selon Philip Evans, directeur général de locations immobilières de Al Futtaim Group Real Estate.
On pourra non seulement y faire son shopping et s'y restaurer, mais assister à des concerts, travailler, se loger et même, scolariser ses enfants.