Propulsés par la flambée des cours du pétrole, les prix de l'essence ont battu la semaine dernière leurs records historiques établis au mois de juin 2008, alors que des voix s'élèvent pour réclamer des aides fiscales au gouvernement.
Le litre de super sans plomb 95 s'est vendu 1,5067 euro par litre toutes taxes comprises en moyenne en France, soit plus que son record de 1,4971 euro atteint en juin 2008, selon les relevés publiés lundi par la Direction Générale de l'Énergie et du Climat (DGEC) sur son site internet.
Le litre de super sans plomb 98 a quant à lui atteint 1,5417 euro, franchissant là-aussi le plus haut de 1,5326 euro établi en juin 2008.
Quant au gazole, son prix a progressé à 1,3513 euro TTC le litre, un sommet depuis la semaine terminée le 1er août 2008.
Ce carburant, le plus vendu en France (78% de la consommation), reste cependant à quelque 10 centimes de son record historique du 30 mai 2008 (1,4541 euro/litre).
Les prix de la DGEC sont des prix moyens calculés sur le territoire national, qui peuvent donc varier d'un jour à l'autre ou d'une station-service à l'autre.
La hausse des prix à la pompe est la répercussion directe de la flambée des cours du pétrole brut, qui augmentent régulièrement depuis un an face à la vigueur de la consommation asiatique d'or noir.
Les tensions dans les pays du Moyen-Orient, paticulièrement en Libye, ont accéléré la tendance. Le baril de Brent de la Mer du Nord cotait 116,85 dollars lundi vers 14H30 GMT (15h30 en France), non loin de son pic du 24 février (119,24 dollars), qui était un plus haut depuis août 2008.
L'inflation des prix risque d'ailleurs de se poursuivre dans les semaines à venir: "Le brut continue de monter, donc on ne voit pas les prix à la pompe baisser dans l'immédiat", concède pudiquement Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolière (Ufip).
La flambée des prix des carburants s'ajoute à celle du gaz (+15% en un an) et de l'électricité (+6,4%). Au total, les prix de l'énergie ont progressé de 13,7% depuis un an en France, selon les chiffres de l'Insee pour le mois de janvier.
Face à cette envolée des prix, l'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) a souligné lundi qu'il devenait "extrêmement difficile" aux petites entreprises du transport "de voir l’avenir sereinement".
L'association de consommateurs CLCV a quant à elle demandé un allégement fiscal pour les Français qui sont obligés d'utiliser leur voiture pour aller travailler.
"L'Etat ne peut pas continuer à dire qu'il ne peut rien faire car 60% du prix de l'essence, ce sont des taxes", a souligné Thierry Saniez, délégué général de l'association.
Le mois dernier, les vendeurs de fioul de la FF3C avaient déjà réclamé le rétablissement de la prime à la cuve, en vigueur de 2005 à 2009, et qui était accordée aux ménages non imposables se chauffant grâce à cet hydrocarbure.
Le fioul domestique s'est vendu la semaine dernière à son prix le plus élevé depuis août 2008, à 91,39 euros par hectolitre, selon la DGEC.
Le gouvernement ne semble pas encore prêt à faire de tels gestes fiscaux. Samedi, le Premier ministre François Fillon s'est contenté de demander à la ministre de l'Economie Christine Lagarde de "mobiliser ses services" pour vérifier qu'il n'y a "pas d'abus" dans la répercussion de l'envolée des cours du pétrole sur les prix à la pompe.
Estimant qu'il existait "déjà des mesures sociales d'aide aux plus vulnérables", M. Fillon a ajouté que "la situation des finances publiques" ne permettait "pas de nouvelles dépenses".